Nicolas Schöffer : une rétrospective éblouissante à Lille
Après le cinétique Julio Le Parc remis au gout du jour en 2013 avec sa rétrospective au Palais de Tokyo. Puis le maître de l’art vidéo Bill Viola au Grand Palais en 2014, c’est Nicolas Schöffer en 2018 qui est enfin redécouvert et mis à l’honneur dans une exposition exceptionnelle. Référence de l’Art en son temps, oublié jusqu’à aujourd’hui, les passionnés de lumière et d’architecture attendaient avec impatience une large présentation des œuvres.
Cette exposition était labellisée « exposition d’intérêt général » par le ministère de la Culture et référencée sur la liste des vingt expositions remarquables présentées dans des musées de France pour l’année 2018.
Ma découverte sensible
J’ai fait la connaissance de l’œuvre de Nicolas Schöffer en 2013 lors de l’exposition historique Dynamo et au cours d’expositions de la galerie Denise René, la galerie parisienne des premiers artistes cinétiques.
Puis, plus précisément à l’atelier du maître, Villa des Arts à Paris, sur une invitation improvisée de Santiago Torres, l’artiste numérique autodidacte restaurateur passionné des machines « schöfferiennes » présentées à Lille. Dans cet atelier, berceau de l’oeuvre, il y a un foisonnement unique de sculptures motorisées, de machines lumineuses, de portraits de l’artiste, comme un petit musée hétéroclite, secret, intriguant et hypnotisant. Un lieu à visiter absolument quand on est passionné d’art et de lumières.
J’y suis accueilli avec gentillesse par Madame Éléonore Schöffer, gardienne et garante des idées, qui veille avec précision, sagesse et dévouement à la transmission des théories et à la postérité de l’œuvre. Elle explique si bien le travail de son mari et conte si bien l’homme. Lui, star de l’Art durant la reconstruction et les trente glorieuses, adulé ou détesté, écouté pour le choix d’un directeur ou d’un ministre, il a été oublié, mis au purgatoire des vieux artistes à la fin de sa vie, en raison du choc pétrolier où la société devenait réfractaire aux idées trop futuristes et puis frappé par la maladie le condamnant à rester à l’atelier.
Quelle surprise renouvelée, de découvrir cette œuvre protéiforme :
- à chaque entretien avec Madame Schöffer,
- à chaque visite de l’atelier,
- à chaque lecture d’articles,
et aujourd’hui avec le parcours de cette superbe rétrospective.
Une rétrospective qui revitalise le souvenir du génie
Pionnier, précurseur, théoricien, génie, maître, inventeur, visionnaire, professeur, les mots sont multiples pour qualifier l’artiste, et l’œuvre est si vaste, si prolifique, si avant-gardiste, que cette rétrospective ne peut présenter toutes ses recherches.
J’y découvre l’œuvre encore plus étendue, encore plus incroyablement prospective, innovante pour son époque. Il à inventé, créé jusqu’à la fin de sa vie, tout exploré !
- Techniques picturales
- Cybernétique, robotique
- Urbanisme
- Architecture
- Art interactif
- Art numérique
- Art vidéo, cinéma expérimental
- Live audiovisuel, Vjing…
Tellement visionnaire par ses théories et idées futuristes développées dans ses ouvrages réédités qui sont aujourd’hui imbriquées dans notre imaginaire commun, réalisées ou en devenir d’ici peu :
- La smart city
- La société de l’information
- Le village global
- La révolution du Big Data
- La révolution de la robotique grand public de la décennie à venir
- L’interactivité, l’automatisme dans l’Art, l’architecture et la ville
- Les tours de grandes hauteurs
- Les projections d’images monumentales
- L’immersion du spectateur avec la réalité virtuelle
- Le développement de l’intelligence artificielle remplaçant l’homme
- Le post-humanisme
Quel génie ce Monsieur Schöffer !
A suivre…
Nicolas Schöffer : de la peinture au pistolet à la sculpture-spectacle
Livres
Nicolas Schöffer : espace, lumière, temps
Le catalogue de l'exposition Nicolas Schöffer, maitre et théoricien du cybernétisme, de l'architecture spatiodynamique et du light art. |
Équipe du projet
Lieu
- LaM, Lille Métropole Musée d'art moderne d'art contemporain et d'art brut
- Lille, France