Olga, un éclairage intelligent et innovant du Groupe ADP
Le Groupe ADP, par le biais de ses départements ECPTA (architecture), ECPTAD (bureau d’études) et ECPTE (électricité), s’est associé à Ingélux, bureau d’études en éclairagisme. Objectif : concocter une véritable innovation dans le domaine de l’éclairage aéroportuaire d’Aéroports de Paris. De nouveaux concepts de luminaires LED ingénieux ont été spécialement conçus pour la rénovation de l’éclairage des terminaux. Quelles sont les étapes de ce design en éclairage intelligent et innovant ? Rencontre avec le Groupe ADP :
- Aurélien Rodon, responsable du département électricité du bureau d’études – ECPTE,
- Olivier Cornefert, architecte principal et référent environnement du département architecture – ECPTA.
Olga, un projet novateur pour le Groupe ADP
Olga, un projet novateur pour la transition environnementale. Il s’inscrit dans le Green Deal européen et a été l’un des trois lauréats dans la catégorie aéroports verts. Il rassemble 41 partenaires autour de quatre aéroports :
Lancé le 1er octobre 2021 pour cinq ans, Olga ambitionne d’innover dans la construction durable, la biodiversité, la mobilité écoresponsable et l’éclairage durable, tout en favorisant les carburants durables et l’économie circulaire. D’ici 2026, il promet un impact positif sur l’écosystème aéroportuaire.
Cahier des charges Olga pour un éclairage intelligent
Le projet a été développé par le Groupe ADP, en collaboration avec Ingélux, dirigé par Christophe Marty, Éric Coreia, et Marc Fontoynont. En interne, Camille Goalo et Marc Angély, designer au sein d’Aéroport de Paris, ont joué un rôle clé dans sa réalisation.
L’importance de l’empreinte carbone et la maintenabilité des luminaires sont un point d’attention. « On vise à concevoir des appareils faciles à entretenir, où les pièces peuvent être remplacées sans difficulté pour améliorer l’efficacité des luminaires et minimiser le gaspillage de matière. En outre, l’adaptabilité est cruciale, nous utilisons des filtres optiques nanométriques permettant une personnalisation précise de la diffusion lumineuse via l’impression 3D », résume Aurélien Rodon.
Ingélux a réalisé des simulations initiales pour étudier divers types de configurations d’éclairage. L’objectif était d’analyser le rendu lumineux et les consommations afin d’évaluer les gains énergétiques possibles. Ces premières approches ont permis d’obtenir de précieux ordres de grandeur.
« Grâce à l’éclairage de nouvelle génération, nous visons une réduction significative de la consommation énergétique allant jusqu’à 50 % par rapport aux luminaires à tubes fluorescents », précise Olivier Cornefert.
Dispositifs d’éclairage actuels des aéroports de Paris
« Dans notre démarche, nous avons suivi trois grandes étapes », raconte Aurélien Rodon. « D’abord, un travail interne de benchmark sur nos dispositifs d’éclairage. Nous avons découvert 70 variantes, reflet de notre histoire riche et des divers espaces entre les terminaux de Roissy. Chaque terminal, avec ses contraintes architecturales uniques, a en effet influencé le choix des lumières. »
Olivier Cornefert explique : « Nous revisitons les conceptions existantes pour insuffler une nouvelle vie aux installations d’éclairage, en nous appuyant notamment sur une approche innovante avec la technologie LED. Nous mettons en œuvre des solutions modulaires, un peu comme un système de Lego lumineux, qui permettront une flexibilité sans précédent. Cette approche modernise non seulement les infrastructures, mais ouvre aussi des possibilités infinies pour répondre aux besoins de chaque lieu. »
Choix des fabricants de luminaires sur appels d’offres
« En 2022, lors de l’atelier Focales à Lyon, nous avons présenté notre projet aux industriels. Cet événement a réuni environ trente sociétés intéressées par notre démarche novatrice. »
Ensuite, un appel d’offres a été lancé par le Groupe ADP. Il a permis de sélectionner huit industriels parmi les plus prometteurs pour la fabrication de prototypes.
Après une évaluation attentive, deux entreprises ont été retenues :
- SFEL, dirigée par Bruno Charnay,
- Optelma France, avec Corinne David et David Elleau.
Développement des prototypes de luminaires
« Dès septembre-octobre 2023, nous avons entamé une collaboration étroite avec ces partenaires », poursuit Aurélien Rodon. « Notre approche se fondait sur la co-conception, un processus harmonieux où notre équipe, côté ADP, travaillait en concertation directe avec les fabricants. Des réunions régulières jalonnaient notre calendrier commun. Chacune des entités impliquées s’appuyait sur des lignes directrices clairement établies. Bien que quelques écarts aient subsisté, elles témoignaient de la richesse créative du projet. »
Olivier Cornefert : « C’est intéressant parce qu’ils ont travaillé de manière indépendante pour proposer des concepts relativement différents, malgré un design similaire. L’un utilise un système monocorps avec des douilles sophistiquées permettant de détacher facilement les éléments, l’autre adopte un élément avec deux capots clipsables, facilitant le passage interne des câbles. »
L’objectif fut atteint lorsqu’en mars-avril 2024, des prototypes aboutis ont été présentés à ADP. Le symbole tangible des ambitions conjointes.
Optiques en filtres nanométriques
La magie opère aussi à travers l’adaptabilité des solutions, où des filtres nanométriques prennent vie. Ces chefs-d’œuvre technologiques impriment en 3D des filtres subtils. Ils dispersent la lumière exactement comme souhaité. Une symphonie de lumière et d’innovation, orchestrée pour illuminer les aéroports du groupe ADP, tout en préservant nos précieuses ressources.
Les filtres nanométriques offrent une flexibilité remarquable en permettant un éclairage aussi bien indirect, direct qu’omnidirectionnel. Grâce à leur conception ingénieuse, ils peuvent être orientés horizontalement, verticalement ou même en diagonale. Fabriqués à partir de plastique recyclé, ces filtres témoignent également d’un engagement écologique.
Design du luminaire et assemblages
Les éléments design mesurent 60 cm de long sur une base carrée d’une simplicité élégante. Cette forme sobre offre une richesse infinie grâce aux multiples associations possibles entre les éléments. « Le choix du carré a été fait pour sa facilité de fabrication par diverses méthodes telles que l’extrusion ou le thermoformage », décrit Olivier Cornefert. « En le tournant, le carré devient un losange, apportant une touche sophistiquée et chic tout en restant d’une grande simplicité. »
L’impression est celle d’un élément unique soutenant tantôt l’union, tantôt l’assemblage. Selon le fabricant, les tiges de chez SFEL servent à conduire l’électricité à travers une structure carrée. Elles soutiennent une poutre ou un luminaire. Divers éléments modulaires en forme de T, L, U ou croix s’illuminent pour créer une continuité lumineuse grâce au design. Ces pièces connectent harmonieusement des segments de 60 cm.
Analyse de cycle de vie et matériaux durables
L’analyse de cycle de vie des matériaux utilisés met en lumière une innovation écologique remarquable. Le corps de l’objet est composé de deux éléments plastiques biosourcés à base de graines de colza. N’ayant aucun lien avec la pétrochimie, ces plastiques se démarquent par leur caractère durable, ce qui leur confère un bilan carbone avantageux. Ils résultent du travail de deux fabricants renommés : SFEL, en France, de Bruno Charny, et Optelma, en Suisse, dirigé par Corinne David et David Elleau en France.
À l’intérieur, la platine – essentielle au support des LED – assure également une diffusion optimale de la chaleur, d’autant plus que le driver est déporté. Faite d’aluminium 100 % recyclé et recyclable, elle incarne un choix résolument respectueux de l’environnement.
Maintenabilité des luminaires : une priorité
Dans l’univers captivant de l’éclairage, une quête de perfection s’amorce. Au cœur de cet effort, on vise la réduction de l’empreinte carbone. Ainsi, la maintenabilité des luminaires devient une priorité. De plus, ils doivent être conçus avec un minimum de pièces détachées pour être facilement remplaçables et permettre un rétrofit simplifié. Alors, « lorsqu’un bond dans l’efficacité des LED se réalise, d’un geste, on peut retirer le circuit électronique pour le mettre à jour, sans altérer l’ossature du dispositif. Ainsi, le gaspillage de matériel se voit réduit, renforçant notre politique de durabilité », conclut Aurélien Redon.
Démonstrateur d’éclairage à l’aéroport Paris – Charles-de-Gaulle
Pour préparer les Jeux olympiques, un projet ambitieux se dessine. L’idée est de présenter un démonstrateur durant l’événement dans l’aéroport de Roissy. « Au cœur de ce projet, Olga incarne un lien significatif avec Paris 2024, car il évoque le passage du temps avec un clin d’œil aux Jeux d’il y a 100 ans », note Aurélien Rodon.
Une fois les prototypes approuvés, ils ont été installés mi-juillet 2024 dans le module d’échange MN, situé à l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle. Reliant les terminaux A, B, C, D et 2 EF, ce lieu est connecté au TGV de la SNCF, et c’est un incontournable des passagers.
Trois prototypes du démonstrateur lumière à Paris
Les essais portent sur la qualité de la lumière, le ressenti des passagers et du personnel, la consommation d’énergie et la maintenance. Les configurations testées incluent des lignes horizontales, des anneaux et des suspensions verticales.
« Le démonstrateur est composé de trois prototypes : un carré de lumière, un anneau une ligne lumineuse et des suspensions verticales », décrit Olivier Cornefert. « Chaque fabricant les présente pour être regardés en symétrie des 36 modules. Les lustres verticaux révèlent la magie des filtres nanométriques. Ce film confère à la lumière une texture granuleuse sophistiquée.
Grâce à la technologie HCL – Human Centric Lighting –, il est possible de varier la température de la lumière. Elle aide autant les voyageurs à s’adapter aux décalages horaires que le personnel à échapper à l’absence de lumière naturelle. Elle améliore ainsi le bien-être et le confort. »
Des chandelles aux anneaux de lumière
« Dans l’axe de la verrière, l’organisation avec ses chandelles éclaire subtilement notre espace, décrit Olivier Cornefert. Composées avec un designer, ces installations lumineuses de 36 éléments de 60 cm captivent par leur reflet dans le marbre de Carrare, évoquant une identité architecturale spécifique. »
En comparant l’ancien design aux lignes épurées actuelles, cette expérimentation prépare le bâtiment à une nouvelle ère lumineuse.
Les anneaux de lumière jouent avec les angles, privilégiant l’élégance au concept. Bien que moins modulaires, ils offrent un design captivant. « Un capot en inox poli miroir ajoute une touche architecturale, créant un effet hélicoïdal et cinétique. En se déplaçant, le passager observe l’évolution lumineuse. Les ellipses se transforment en cercles diffus. C’est une expérience à la fois architecturale et lumineuse, marquée par des suspensions réfléchissantes », synthétise Olivier Cornefert.
Qualité du design et avantages techniques
Aurélien Rodon : « Il existe deux types de suspensions lumineuses selon les fournisseurs. L’un permet des longueurs plus grandes grâce à des câblages traversants, tandis que l’autre est limité à 3-4 éléments. Imposés par ADP, les designs sont similaires, mais les différences techniques offrent différents avantages techniques spécifiques, influençant les prescriptions. »
Tests des équipes de maintenance
Après les premiers essais d’éclairement effectués avant les J.O., « l’objectif de juillet à septembre est d’observer le comportement des luminaires allumés en permanence », poursuit Aurélien Rodon. « Pendant cette période, un travail de concert avec les équipes de maintenance est primordial. Celles-ci sont essentielles à l’acceptabilité puis la pérennité du projet à travers des opérations de maintenance fictive. Elles interagissent avec les luminaires pour évaluer les procédures et l’intégration du programme interne élaboré conjointement par les équipes d’ADP. »
« Dès le départ, l’inclusion de ces spécialistes dans la chaîne de co-conception reflète l’importance accordée à leur retour d’expérience et à l’acceptation du projet. L’ambition est claire : garantir que chaque luminaire – nouvelle pièce maîtresse du paysage nocturne – soit accueilli avec enthousiasme par ceux qui en assureront la longévité. »
Ainsi, les drivers sont placés à l’extérieur des luminaires pour faciliter la maintenance et la simplicité. Une poutre porteuse au même design s’harmonise avec l’élément adjacent, pour créer un jeu architectural cohérent.
Industrialisation des luminaires et coût global
En simplifiant, « l’objectif est de finaliser d’ici fin septembre pour permettre l’industrialisation des luminaires avec ces deux fabricants », résume Aurélien Rodon.
« Nous devons finaliser une phase d’industrialisation en définissant un cahier des charges précis. Nous comparerons les offres de deux fournisseurs pour décider des éléments essentiels à unifier, comme les connecteurs et le système d’accroche, afin d’assurer la compatibilité tout en acceptant certaines divergences. »
Aurélien Rodon évoque l’importance d’une approche globale dans les projets ADP, axée sur le coût global de possession plutôt que sur le simple prix d’achat. Cette vision inclut la rentabilité, l’économie d’énergie et l’intégration des budgets carbone. L’utilisation de matériaux biosourcés, recyclés et recyclables, réduit aussi l’impact carbone. Cette approche multiobjectif qui révèle la valeur des produits est bien plus intéressante sur les coûts initiaux.
Premières installations de la France à la Roumanie
« L’accent est mis sur la validation de matériels d’éclairage, suivie de nouveaux projets en cours pour 2025 », poursuit Aurélien Rodon. « Plusieurs initiatives sont bien avancées, notamment un grand projet de remplacement des sources sur deux satellites d’embarquement, pour 7 000 et 8 000 luminaires, soit 15 000 unités au total. Elle s’effectue en collaboration avec nos architectes et collègues spécialisés pour déterminer les solutions d’éclairage les plus adaptées à chaque espace de travail. »
Le projet Olga orchestré par ADP et Roissy Charles-de-Gaulle intègre une part de dissémination. L’objectif est d’appliquer les résultats obtenus à Paris Charles-de-Gaulle aux infrastructures de l’aéroport de Cluj-Napoca, en Roumanie.
« Bien que déposé par ADP, le luminaire peut être intégré par différents industriels, respectant les lignes directrices définies », précise Olivier Cornefert. « Chaque luminaire se distingue à la fois par son esthétique et son agencement interne, et avance vers les phases d’industrialisation. »
Chaque designer ou architecte peut personnaliser ces éléments en intégrant des matériaux de réflexion variés à l’intérieur, tels que du bois translucide, du plastique biosourcé, du métal ou de l’aluminium, afin de s’harmoniser parfaitement avec l’ambiance et l’effet lumineux souhaités dans l’espace.
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Équipe du projet
Lieu
- Aéroport de Paris-Charles de Gaulle
- Roissy, France
Livres
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Synthèse de la recherche en Europe sur la lumière du jour. Le livre de référence en architecture de Marc Fontoynont. Daylight Performance of Building. |
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Superbe livre d'images et de témoignages de l'entreprise Sammode. À plein tube, de Christian Simenc, sur le luminaire tubulaire bien connu des architectes. |