Parc de la Villette, mise en lumière 25 ans après, Paris
L’an dernier, après la visite de l’exposition 2015, l’Odyssée de la Lumière, j’ai eu le plaisir de retraverser le parc de la Villette, à la tombée de la nuit. Quelle ne fut pas ma surprise ? La galerie de la Villette s’est sodiumisée !
Son éclairage indirect blanc froid aux lampes à vapeur de mercure initial est devenu un éclairage au sodium haute pression orangé, très fonctionnel, ondulant sur l’auvent. Quel dommage pour l’ambiance du parc et les promeneurs nocturnes !
Galerie de la Villette, Parc de la Villette 2002, Paris, France – Architecte : Bernard Tschumi – Concepteur lumière : Maurice Brill, MBLD – Photo : Vincent Laganier
Ce que décriaient Yann Kersalé et Laurent Fachard, il y a 20 ans pour l’éclairage public, arrive aussi pour les mises en lumière architecturales. Pourquoi ?
- Bannissement des lampes aux vapeur de mercure en Europe ?
- Manque de suivi qualitatif dans le temps ?
Les balises d’aéroport bleues pour ponctuer la cime de la galerie de la Villette procurent, quant à elles, le même effet graphique. Seule la technologie a évolué au relamping. Passage des lampes à incandescence à des lampes fluo-compactes moins énergivores.
Selon le plan lumière du parc conçu par George Berne au moment du concours, pour la galerie de l’Ourcq, l’ambiance aujourd’hui est similaire à celle proposée à l’inauguration.
- Éclairage fonctionnel blanc froid par projecteurs asymétriques pour le quai. Ils ont été remplacés par de nouveaux appareils.
- Lignes rouges de balisage de la sous-face avec des tubes fluorescents étanches. Leur vasque laisse complètement voir les tubes teintés rouge à nu.
L’éclairage architectural du parc de la Villette a été initialement mis en œuvre par le concepteur lumière britannique Maurice Brill. Dans une interview du fondateur de MBLD au Estate Office Shoreditch, il se rappelle l’aventure : « ne sachant pas dans quoi je me lançais quand j’ai commencé le Parc de la Villette pour le gouvernement français, j’étais là, assis à une table avec 30 personnes autour d’elle. C’était pour la plupart d’entre eux des avocats et des entrepreneurs ; ils ne voulaient pas écouter avec cet anglais, qui ne parlait pas français et qui venait leur dire quoi faire. Ce fut un véritable défi, mais ce projet m’a amené à concevoir la résidence de la duchesse de Windsor, probablement mon projet favori, et puis finalement l’hôtel Ritz à Paris ».
Au niveau des folies du parc dessinées par l’architecte Bernard Tschumi, l’éclairage d’accentuation est toujours rouge et réalisé par des projecteurs au pied des poteaux.
La finition laquée rouge de la surface des folies et la position très proche des projecteurs de l’architecture n’aident pas à avoir un réglage lumière optimum, la lumière n’atteignant pas toute la grande hauteur des architectures.
De même, les bans lumineux en béton des jardins thématiques sont toujours équipés de tubes fluorescents.
Entre luminaires éteints et feuillages qui obstruent la lumière dans les grilles anti-vandalisme, leur maintenance pourrait être meilleure.
Le mat unique en aluminium est équipé d’une tête éclairante en son sommet avec des lampes fluo-compactes. Un « cou lumineux » intermédiaire, ajouté par Louis Clair, se répartit selon six hauteurs, en quatre mâts de 4,20 à 6,30 mètres de haut.
Sous la halle de la Villette, le balisage des poteaux très design de George Berne avec quatre lampes fluo-compactes est toujours en place.
Dommage que le relamping ne soit pas toujours de la même teinte de lumière blanche…
Le balisage du sol de la place de la fontaine aux Lions a changé de couleur. Il est passé du blanc au bleu ; voir la photo de 2002 en début de cet article.
Situés devant l’entrée de la halle de la Villette, entre le Conservatoire national supérieur de musique et la Cité de la musique, de nouveaux encastrés à LED bleu sont depuis mis en œuvre.
La Cité de la musique de l’architecte Christian de Portzamparc tente d’éclairer en contre-jour, très maladroitement, ses formes et excroissances sur l’espace public. Cependant, ni la solution optique choisie, ni la température de couleur ne sont cohérentes.
Plus loin, un côté de ses façades est également éclairé en contre-jour latéral. Problème, ces lumières sont éblouissantes pour le promeneur. Dommage qu’un tel édifice ne bénéficie pas d’une mise en lumière à la hauteur de sa fonction dans la ville de Paris.
En bord du parc de la Villette, la nouvelle Philharmonie de Paris de l’architecte Jean Nouvel est presque absente la nuit.
Pour vraiment percevoir ce nouveau bâtiment, il faut arriver en longeant la Cité de la musique, depuis le métro Porte de Pantin. Le monument est renforcé visuellement la nuit par le plasticien lumière Yann Kersalé.
L’éclairage est violemment frontal. Il aplatit les formes de l’architecture. Des batteries de projecteurs à LED sont implantées en nef de toiture de la Cité de la musique. Un mixage bleu clair était visible lors de mon passage en début de soirée.
D’extérieur, la Philharmonie de Paris semble manquée d’un vrai projet lumière, sans doute dû à la précipitation de son inauguration en janvier 2015, sans la réception du bâtiment par l’architecte.
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Lieu
- Parc de la Villette
- Paris, France