Pièces courtes de Philippe Decouflé, comme en lévitation
Entre danse et cirque, les « Nouvelles pièces courtes » de Philippe Decouflé sont une réussite envoûtante. En résidence de création pendant 15 jours à la scène nationale de la Rochelle, La Coursive, le 16 mai 2016 naissait le spectacle. Il était présenté plateau nu, avec un tapis de danse et un cyclorama en fond de scène.
Après une première partie jouée en septembre 2016 au Théâtre National de Bretagne à Rennes, la tournée démarre en décembre suivant au Théâtre national de la Danse de Chaillot à Paris. A cette date, cinq pièces courtes constituent le spectacle. Une scénographie d’Alban Ho Van est alors ajoutée au plateau. Elle est constituée d’un sol coloré peint et d’un plan de panneaux en bois amovibles, tel des vénitiennes géantes. Ils s’ouvrent et se ferment selon les tableaux scéniques.
Création lumière du spectacle
Pour le début de la tournée 2017-18, le spectacle passait par la Maison de la danse de Lyon une semaine. L’occasion de discuter avec Begoña Garcia Navas, créatrice lumière du spectacle qui assure aussi sa régie générale.
« Philippe Decouflé donne des idées ou des directions. Ensuite, je propose des lumières. Par exemple, pour le tableau Vivaldi, les costumes en tricot sont très colorés. Le cyclo est dégradé du bleu et vert. Je voulais que les danseurs ressortent bien. Je lui ai proposé des HMI. Quelle ne fut pas sa surprise ! Après un essai sur scène, il a finalement accepté ».
Begoña Garcia Navas, créatrice lumière
D’une pièce courte à une autre, les ambiances lumineuses varient complètement. Pour le piano avec le trio de danseurs, acrobates et chanteurs sont parfaitement millimétrés. « Le procédé est d’avoir un éclairage dans les quatre coins du plateau. Le piano va là et je n’allume que cet endroit » explique Begoña Garcia Navas. Tous les éclairages latéraux et en douche ponctuelle de ce tableau sont en lumière blanc chaud. Ils complètent bien ces instants de grâce sur une musique de saxo.
La sortie du piano et des danseurs s’effectue sur une diagonale de la face, côté cour, au lointain à jardin. Ce mouvement est habilement renforcé par un projecteur au pied de l’avant-scène en diagonal.
« J’ai essayé de faire quelque chose de pas trop compliqué au niveau des éclairages » poursuit Begoña Garcia Navas. Seulement quatre projecteurs automatiques sont utilisés sur le spectacle :
- deux sont placés à la face à cour et jardin,
- deux au-dessus du plateau de danse.
En fonction des nombreux placements des danseurs et des objets sur la scène, il permettent d’accentuer l’action chorégraphique.
Lumières et vidéo projection en direct
Les latéraux sont implantés en frisant posé dans les coulisses et à hauteur d’homme. Certains sont prévus pour le vol d’une danseuse, le moment le plus poétique du spectacle. En apesanteur, comme si le sol n’avait plus d’emprise sur elle, la danseuse est en suspension dans l’air. Un éclairage en douche accentue l’effet dramatique au début du tableau, comme les projections d’images de voiles qui flottent sur un tulle en avant-scène de Olivier Simola et Laurent Radanovic. Elles renforcent aussi l’action que met en scène magistralement Philippe Découflé.
« Il y a pas mal de vidéo, c’est toujours cet équilibre sur lequel je travaille entre l’image projetée et l’image réelle. Et c’est toujours le même souci de faire en sorte que l’image projetée complète l’image réelle, l’enrichisse, la sublime mais ne la mange pas, ne la bouffe pas. Ce qui est une lutte constante parce que la télévision a un pouvoir d’attraction absolument phénoménal »
Philippe Decouflé, metteur en scène et chorégraphe, DCA
Trois caméras placées au nef du plateau de danse captent en direct l’action scénique. Selon les tableaux, elles démultiplient les mouvements des corps au rythme de la musique. L’image réelle se donne à voir autrement, pour le plus grand plaisir de l’œil du spectateur. Des instants scéniques surprenants.
Ces projections vidéo complexifient le montage. « Les réglages lumière sont assez compliqués, car ils dépendent de beaucoup de choses » décrit Begoña Garcia Navas. Selon les scènes, un écran descend des cintres à 2,70-3 mètres de hauteur. L’éclairagiste doit alors créer des couloirs de lumière ou parfois juste éclairer en douche. « L’implantation lumière est très précise. Selon les salles d’accueil en tournée, la position du trou sur la scène et la profondeur de la cage de scène, son adaptation importante demande du temps ».
Cyclorama et directions de lumière
« Pour le cyclo en réflexion, il faut environ un mètre devant le mur pour réaliser un bon cyclo. Nous avons des réglettes à LED RGBA. Je les ai essayées une fois et j’ai été assez bluffée par les possibilités du spectre, des couleurs, des intensités, pour les montées et les descentes de lumière sur le cyclo ».
Begoña Garcia Navas, créatrice lumière
Au milieu de la pièce, pendant une partie du voyage au Japon, le cyclo passe au rouge sang. Une geisha sort de la porte centrale du décor en marche arrière. Elle porte une ombrelle rouge éclairée en douche. En s’avançant doucement dos au public, peu à peu ses jambes entrent dans la lumière blanc froid latérale. Image magique du spectacle avec un beau jeu d’ombres et de contrastes colorés !
Le spectacle utilise peu la lumière de face. Un simple jeu de projecteur blanc chaud et blanc froid éclaire le plateau dans cette direction. A cela s’ajoute : deux découpes de 2 kW pour cadrer la barre pour les pointes des danseurs en avant-scène. « C’était une demande de Philippe Decouflé de très bien éclairer les jambes » pendant cette scène.
Enfin, dans les cintres, il y a :
- un plan de contre-jour bleu froid réalisé avec un correcteur,
- un plan de PAR en blanc chaud,
- un plan de 2 KW en blanc froid.
Entretien avec Philippe Decouflé
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Spectacle en tournée
- 20-29 septembre 2017 : Maison de la danse, Lyon
- 11-14 octobre 2017 : Bonlieu, Scène nationale d’Annecy
- 18-20 octobre 2017 : Le phénix, Scène nationale de Valenciennes
- 27-29 octobre 2017 : Festival Torino Danza, Turin (Italie)
- 14-16 novembre 2017 : Théâtre de Cornouaille, Quimper
- 23-25 novembre 2017 : Scène nationale d’Albi
- 30 novembre 2017 : Carré-Colonnes, scène cosmopolitaine Saint-Médard et Balnquefort
- 1-2 décembre 2017 : Carré-Colonnes, scène cosmopolitaine Saint-Médard et Balnquefort
- 6-8 décembre 2017 : Maison de la Culture d’Amiens, Scène nationale
- 20-22 décembre 2017 : La Filature, Scène nationale de Mulhouse
- 29 décembre 2017 – 18 janvier 2018 : Chaillot – Théâtre nationale de la Danse, Paris
- 25-27 janvier 2018 : Anthéa-Antipolis, Théâtre d’Antibes
- 31 janvier – 2 février 2018 : Scène nationale de Sète et du Bassin de Thau
- 14-17 février 2018 : Le Quartz, Scène nationale de Brest
- 21-24 mars 2018 : Odyssud, Centre culturel de la ville de Blagnac
- 5-8 avril 2018 : Les Gémeaux, Scène nationale de Sceaux
- 20-30 avril 2018 : Chaillot – Théâtre national de la Danse, Paris
- 1-10 mai 2018 : Chaillot – Théâtre national de la Danse, Paris
Lieu
- Maison de la danse
- Lyon, France