Place des Terreaux, Lyon : 20 ans après
Le 8 décembre 2014, le plan lumière de Lyon aura un quart de siècle. 25 ans déjà ! Retour sur ses réalisations de référence avec l’échelle du temps.
Il y a une semaine, après un spectacle à l’Opéra de Lyon pour la Biennale de la Danse 2014, petit tour sur la place des Terreaux pour le plaisir nocturne du lieu.
Inaugurée en décembre 1994, la place des Terreaux est un travail à six mains :
- l’architecte, Christian Drevet,
- l’artiste, Daniel Buren,
- l’éclairagiste, Laurent Fachard.
Presque 20 ans après, j’avais avec moi un simple appareil photo numérique compact. Les mauvais réglages de la caméra révèlent encore plus les luminances excessives vues in situ. A l’heure de la transition énergétique, petite analyse critique du lieu, bon pour la rénovation.
Pannes d’éclairage
Tout le monde dans le Bâtiment le sait. Les 69 fontaines ponctuant la place et rappelant le numéro du département du Rhône, sont coupées depuis une dizaine d’années.
Les causes :
- les inondations qu’elles occasionnaient pour les promeneurs,
- l’affaissement des dalles et de la chaussée de la place.
Ces 69 points lumineux en fibre optique de Thorn et MC2 au pied des fontaines servaient autant de décoration que de guidage visuel.
La troisième dimension de la mise en lumière est toujours absente ce soir. Le sol est sombre comme la voute céleste. Dommage pour le côté onirique !
Côté hôtel de ville, un projecteur à gauche au pied de la porte centrale est éteint.
Côté opposé, le massif des Terreaux manque aussi de symétrie. Hasard ou coïncidence, deux hommes sont sur la fosse encastrée du projecteurs. Ils coupent le flux lumineux, peut-être pour se réchauffer les pieds ?
Vive la couleur
En avançant sur la place, je remarque d’autres surprises…
Avec le vieillissement de l’installation, les lampes à décharge sur les piliers en granit ont viré de teinte :
- vert,
- blanc,
- bleu.
Mais ces variations colorées ne s’arrêtent pas là.
Les commerces de la place éclairent leurs enseignes et pas de portes, de manière anarchique et bariolée :
- néon rouge ou tube à cathode froide verte ou bleue,
- sur-éclairement des portes en façade.
N’y a t-il pas un règlement de publicité sur cet espace majeur de la ville applicable ici ?
« Vive la couleur » aime à dire souvent Laurent Fachard. Pourtant, ce n’est pas dans l’harmonie de l’espace public éclairé en blanc chaud de manière douce.
Initialement des lampes sodium blanc 2 500 K d’Iwasaki, dans toute la gamme des puissances disponibles à l’époque, de 50 à 400 W, étaient utilisées. Qu’en est-il aujourd’hui ?
La fontaine Bartholdi s’enfonce
Seule la façade Croix-Rousse était éclairée en blanc froid, par les reflets de l’eau dans la fontaine. Les deux projecteurs de stade Philips de 1 800 W, 5 600 K, sont toujours en fonctionnement.
Mais, le niveau de l’eau très bas de la fontaine Bartholdi qui s’enfonce et qui doit être rénovée en 2015 pour 16 mois minimum ne donne plus aucun effet lumière en façade…
Il y avait aussi toute une programmation d’allumage et d’extinction des façades développée par l’éclairagiste Laurent Fachard à l’origine pour :
- la place quotidienne et fonctionnelle,
- la place en fête nocturne, animée,
- la place en état de veille, sécurité,
précisait-il dans mon livre Lumière architecturales en France en 2004. Comment fonctionnent ces séquences aujourd’hui ?
Fosses encastrées abimées
Dernier point au pied des façades. L’état des fosses encastrées sur les cheminements piéton est pitoyable :
- verres feuilletés fissurés de partout,
- salissures apparentes en périphérie,
- condensation sur les vitres à l’intérieur des fosses…
Heureusement, Lyon n’est pas comme Saint-Nazaire. La-bas, la Nuit des Docks de Yann Kersalé ne fonctionne plus.
Un petit entretien plus régulier serait, au minimum, bienvenu pour la place des Terreaux.
2015 et la transition énergétique
Déclaré par l’UNESCO, 2015 Année internationale de la Lumière, au cœur de la ville de Lyon, souhaitons qu’une rénovation de l’éclairage de la place des Terreaux soit initiée, très rapidement, par les élus et la direction éclairage public :
- remise en concours de conception lumière pour une nouvelle vision de l’éclairage de la place,
- éclairage à LED permettant de réduire la puissance consommée,
- pilotage digital selon la concentration des téléphones portables à proximité.
Aujourd’hui, de nouvelles techniques d’éclairage pourraient remettre à niveau cette place des Terreaux.
Pourquoi faut-il garder à l’identique les effets d’éclairage de la place des Terreaux après rénovation ?
Approfondir le sujet
Lieu
- Place des Terreaux
- Lyon, France
Bravo pour cet article. Depuis le temps que la place des Terreaux est construite, elle est en piteuse état (:
Heureusement, les travaux sont enfin lancés cet été.
https://www.lyoncapitale.fr/Politique/Lancement-des-travaux-sur-la-place-des-Terreaux
Qu’en sera-t-il de l’éclairage urbain ?
@Christophe Bien vu ! La rénovation de la place ne parle pas de l’aspect nocturne en effet.
LYON. Buren : « L’image que l’on donne de cette place et de la ville est horrible »
Voici le titre d’une interview exclusive de l’artiste, Daniel Buren, recueillie par Aline Duret pour Le Progres du 18/08/2015.
La journaliste dans son introduction résume la situation :
« Daniel Buren est « écœuré », et il le dit haut et fort. Auteur des fameuses colonnes qui portent son nom au Palais Royal à Paris, concepteur avec l’architecte Drevet du projet de réaménagement des Terreaux, il dénonce l’état d’abandon dans lequel se trouve l’espace public. Doutant d’une prochaine réhabilitation, il envisage une action en justice. Et lance ce qui pourrait ressembler à un ultimatum : soit on remet la place en marche, soit on casse tout… Explications ».
Des idées assez proches de mon analyse en fin de ce billet.
Quel est votre point de vue sur lumière actuelle et future de la place ?