Place des Terreaux réhabilitée en ondes de lumière, Lyon
Quelles sont ces ondes de lumière à l’horizontale ? La place des Terreaux est emblématique de l’hôtel de ville à Lyon. Elle accueille la fontaine Bartholdi sur un damier noir et blanc et les célèbres colonnes de Buren. Un réaménagement de l’architecte Christian Drevet, l’artiste Daniel Buren, et l’éclairagiste Laurent Fachard datant de 1994. Mais, le projet initial avait souffert, tant au niveau urbanistique que de l’éclairage public :
- dysfonctionnement des 69 fontaines dû à des malfaçons,
- déchaussement des dalles par un usage intensif en surface,
- mise en lumière amputée de sa troisième dimension.
Équipe du bureau d’études mandataire
En 2015, dans le respect de l’oeuvre originale du trio de concepteurs, les élus ont enfin décidé d’agir. Le programme « Lyon Cœur Presqu’île » est mis en place par la Métropole de Lyon présidée par David Kimelfeld. Soutenu par le maire de la ville Gérard Collomb, un concours de maîtrise d’œuvre pour la rénovation de la place des Terreaux est lancé.
Début 2017, le Grand Lyon confiait au bureau d’études mandataire OGI, la réhabilitation de la partie piétonne sur plus de 7000 m². Avec les concepteurs fondateurs du projet :
- Daniel Buren, artiste,
- Christian Drevet, architecte,
l’équipe de maître d’oeuvre, a présent dirigée par Valérie Plagne, se compose aussi de :
- BC ingénierie, bureau d’études techniques,
- Atelier Roland Jéol, Guillaume Jéol, concepteur lumière.
Réhabilitation urbain de la place des Terreaux
Les trois principaux objectifs étaient de :
- remettre en état les revêtements de sol,
- redéfinir de la place de l’eau,
- créer de nouvelles ambiances lumineuses.
Tout en génie civil et à l’horizontal, le projet de réhabilitation de la place réalisée a conduit à un :
- terrassement et démolition des ouvrages existants,
- réfection des réseaux d’eau et d’électricité au sol,
- dallage minéral en granit gris sur 4 700 m²,
- création de 15 nouvelles micros-fontaines sèches alignées,
- nettoyage des colonnes de Buren le long des cafés,
- implantation de nouveaux éclairages, selon les usages.
La rénovation de la place qui s’élève à un montant de 6 906 000 € TTC.
L’inauguration diurne a eu lieu le 22 janvier 2020 avec les élus. Après les élections municipales, la mise en eau était prévue au printemps. Sauf que le coronavirus Covid-19 a modifié le calendrier de l’ensemble de la Société.
Notons que, de 2016 à 2018, la fontaine Bartholdi fut complètement restaurée sous la conduite de l’architecte en chef des monuments historiques, Didier Repellin et son éclairage repris entièrement. Mais, le mardi vers 19h30 où je suis passé pour mon reportage, son illumination était en panne. Dommage !
Ondes de lumière en éclairage public
Pendant la conception, Daniel Buren propose un dessin rompant avec le damier initial. « Comme des ondes qui partaient de la fontaine Bartholdi au centre de la place » se rappelle Guillaume Jéol. À la vue de cette esquisse, le concepteur lumière propose de « raconter une histoire la nuit, en ondes de lumière de plus en plus inclinées vers l’extérieur ».
Cette vision des ondes de lumière va se concrétiser dans la réalisation. « Des balises LED de 50 mm de diamètre LEC. Avec un dôme bombé légèrement sablé pour faire de la luminance » décrit le concepteur lumière.
Comme pour les projeteurs encastrés sous les fontaines sèches, la température de couleur est un blanc froid 4500 K.
Ces ondes de lumière sont un vrai défi pour l’installation ! En effet, comment câbler l’ensemble en parallèle et en série avec des connecteurs en Y sous les dalles ? « Il fallait que le câble arrive pile-poil dans l’axe du pot d’encastrement électrique, sous traité à l’entreprise générale » Eiffage Génie Civil par l’installateur électrique Serpollet.
Une mise en oeuvre peaufinée avec les entreprises, par le concepteur lumière et le bureau d’études éclairage, BC Ingénierie.
Éclairage des façades classiques
Pour le reste de la place des Terreaux, « le projet d’éclairage a été conçu dans le respect du travail initial de Laurent Fachard. C’est-a-dire garder le principe de base : éclairer les trois côtés de la place qui par réflexion éclairent l’espace public ».
En outre, l’éclairage des façades du musée des Beaux-Arts et de la galerie des Terreaux sur la place devait être repensé par l’équipe de maître d’oeuvre. Mais la Direction de l’éclairage urbain de la ville de Lyon n’a pas voulu passer au LED.
Résultat : il y a encore des variations de teintes des iodures métalliques sur les façades d’un projecteur à l’autre. Par exemple sur la façade de l’hôtel de ville. Surprenant à l’heure de la transition énergétique et de l’amélioration des rendus des couleurs !
Éclairage des colonnes de Buren
Par ailleurs, les colonnes de Buren ont rénové leurs éclairages. Autrefois, il y avait un projecteur encastré dans l’axe en pied de chaque pilier. Aujourd’hui, explique Guillaume Jéol, « il y a quatre encastrés LED COB 21 W, 135 mm, 3000 K avec optique réglable de Meyer« .
Les lanternes de style, côté façade Croix-Rousse, sont passées en LED 3000 K. Elles éclairent, comme le projet initial, le cheminement entre les terrasses de café sur l’espace public.
Éclairage de la voirie périphérique
Enfin, la voirie de circulation pour les bus et trolleys TCL de Lyon sur deux côtés de la place est renforcée par des lanternes fonctionnelles à LED 3000 K.
Au niveau de l’entre-sol, les lanternes d’éclairage public pour la voirie sont fixées en applique sur deux façades : palais Saint-Pierre et Façade galerie des Terreaux
Éclairage de sécurité après 1h du matin
Comme l’éclairage des façades restait allumé toute la nuit pour voir et se déplacer sur la place des Terreaux, les nouvelles temporalités de l’arrêté nuisances lumineuses du 27 décembre 2018 ont imposé une extinction à 1h du matin. D’où l’impossibilité de contrôler ce lieu de Lyon par vidéosurveillance et d’éloigner les éméchées sorties des bars de la rue Sainte-Catherine…
À cause de cela, en septembre 2019, soit seulement quelques mois avant la fin de chantier est voté un budget supplémentaire de 125 000 euros par la ville de Lyon explique le magazine Lyon Capitale :
« Le choix de n’implanter aucun candélabre a été fait pour libérer l’espace public, ce qui n’est pas sans poser problème parce que ce lieu a une forte activité nocturne. Une activité parfois préoccupante lorsque l’on s’enfonce dans la nuit. D’où la nécessité d’avoir un éclairage en continu pour renforcer la sécurité des personnes et des biens”.
Jean-Yves Sécheresse, adjoint en charge de la sécurité et au plan lumière, ville de Lyon
Guillaume Jéol va alors intenter un éclairage de sécurité sur mesure, invisible de jour et complètement intégré à la façade du Palais Saint-Pierre, le musée des Beaux-Arts de Lyon.
Pour éclairer l’ensemble de la place comme une voirie, le concepteur lumière propose de placer des projecteurs LED de Bega derrière les balustrades en tête de la façade. L’éclairage après 1 h du matin passe alors de 3 lux à 20 lux au milieu de la place.
Un éclairage de sécurité qui fonctionne semble t’il de 1h à 5h du matin, comme j’ai pu le constater un soir de la Fête des Lumières 2019 vers 1h30 du matin.
Approfondir le sujet
- Place des Terreaux : 20 ans après
- Le plan lumière de Lyon : histoire de l’éclairage urbain
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Équipe du projet
Lieu
- Place des Terreaux
- Lyon, France
Étonnante cette onde de lumière, très belle… vue du ciel.
En 2020, et pour une ville qui s’affiche à la pointe des réflexions sur l’éclairage, c’est dommage d’avoir choisi cet éclairage vers le ciel pour l’une des places les plus connues de Lyon, à l’encontre de tous les discours contre les nuisances lumineuses depuis une quinzaine d’années.
Pour les promeneurs, l’intérêt semble minime si ce n’est de tester leur sensibilité à l’éblouissement. De petits points lumineux sur une chaussée sombre peu éclairée : les conditions optimales d’éblouissement semblent en effet réunies.
Bonne réflexion ! L’onde de lumière est visible principalement au niveau du sol, pour le quidam. Peut-être plutôt comme les paillettes d’un ciel étoilée dans une Voie lactée très urbaine…
Pour les habitants de la place, côté colline de la Croix-Rousse, elle est visible de leurs fenêtres. Aussi de la terrasse haute des bureaux d’iGuzzini à Lyon, au-dessus de la fontaine Bartholdi. Enfin, côté Hôtel de ville, de la grande salle de réception, un lieu utilisé en soirée par la collectivité et ses partenaires.
Concernant les nuisances lumineuses, elles sont ici très modestes car le flux lumineux des points lumineux est faible. Il s’agit de balisage plus que d’éclairage. A ce titre, ce sujet ne fait pas partie du texte de l’arrêté du 28 décembre 2018.