Robert Lepage : Les aiguilles et l’opium, Grand T, Nantes
Robert Lepage est un auteur et metteur en scène canadien reconnu pour son audace scénique. « Les Aiguilles et l’opium » est une création de 1991. Il y deux ans, il la revisite avec deux comédiens et des techniques scénographiques contemporaines.
Dispositifs scénographiques
Depuis le gris spatial, commence et finit le spectacle. L’espace scénique est composé d’un cube ouvert estimé à 9,30 mètres de côté. Les trois faces visibles sont peintes en gris. Selon un système motorisé, il pivote sur sa diagonale. Une face devient alors le sol lorsqu’elle se retrouve à l’horizontale. Deux faces à 45° créent souvent une mise en abîme de l’action en question.
Derrière la simplicité apparente du décor dessiné par Carl Fillion, scénographe, se cache une savante composition de trappes :
- une porte,
- une fenêtre à la française,
- une baie horizontale créant un plateau,
- un lit encastré avec son matelas,
- une ouverture centrale…
Entre les scènes, le cube tourne. Il ouvre ou ferme certaines trappes. Comme par magie, un nouvel espace scénique se révèle alors.
D’après la fiche technique du spectacle, l’aire de jeu et le décor s’adaptent à toute les salles à l’italienne :
- Largeur : 13,40 m
- Profondeur : 9,30 m
- Hauteur : 6,10 m
- Dégagement en coulisses demandé : 2,44 m
Mapping vidéo sur un cube
En fond de salle, un vidéo projecteur, parfaitement calé sur la géométrie du cube, projette une image sur les trois faces. Ce mapping vidéo continu de Lionel Arnould crée les lieux et l’atmosphère de la représentation. Il peint les faces du cube avec des décors d’intérieur.
Parfois, il projette des photos d’époque, des extrais de journaux ou de vidéos d’archives, en noir et blanc.
À d’autres moments, une caméra à la verticale capte sur une table les étapes de l’assemblage de la trompette ou de la dépendance…
Pour annuler la lumière vidéo sur les comédiens, une caméra filme la scène en permanence depuis la salle. Grâce à une analyse du signal, via un capteur infrarouge, l’acteur reste vierge de l’image, quels que soient ses mouvements.
Avec ce traitement vidéo, les acteurs sont souvent éclairés de face en lumière blanche, sans que l’image projetée se superpose aux costumes.
Lumières d’ambiance
Dès les premières scènes, une poursuite cadre le visage du comédien. Cet effet lumière conçu par Bruno Matte n’est pas constant dans tous les spectacles, loin de là.
La lumière additionnelle crée l’ambiance du lieu. Elle renforce le contraste entre le comédien et l’image projetée, en face et en douche comme ici.
Des gobos ambrés en latéral face projettent un effet de vénitiennes sur une des faces du cube. Ils sont caractéristiques des scènes dans la chambre de l’hôtel Louisiane à Paris pendant la rupture amoureuse.
Des effets latéraux, des images peintes ou des rétro-éclairages, sont parfois utilisés en arrière-plan des baies, pour donner l’impression de soleil et d’extérieur.
Technique d’éclairage
Au niveau des projecteurs, 50 découpes sont utilisées sur ce spectacle très millimétré :
- 10 ETC Source 4, 19°, 575 W
- 22 ETC Source 4, 26°, 575 W
- 10 ETC Source 4, 36°, 575 W
- 5 ETC Source 4 Zoom, 25/50°, 750 W
- 3 ETC Source 4 Zoom, 15-30°, 750 W
On retrouve aussi quelques Fresnel 1 kW et PAR à lentilles medium 575 W et quelques projecteurs ou lampes spécifiques fournis par la compagnie Ex Machina de Robert Lepage.
https://x.com/LeGrandT/status/555379779873288193
Services de montage
Le montage sur le plateau s’effectue en quatre jours. L’équipe de tournée se compose de 11 personnes :
- 2 comédiens
- 1 directrice de tournée
- 1 directeur technique (manipule la motorisation du décor durant le spectacle)
- 1 chef machiniste
- 1 machiniste
- 1 gréeur
- 1 régisseur général
- 1 régie éclairage
- 1 régisseur son
- 1 régisseur vidéo
- 1 accessoiriste / habilleuse
Propos de Robert Lepage
« Il y a vingt-cinq ans, je lisais la Lettre aux Américains de Jean Cocteau. » explique Robert Lepage au sujet du spectacle. « J’étais fasciné par ce texte, écrit dans la longue suspension d’un vol New York – Paris en Super-Constellation. Je découvris que, par coïncidence, Miles Davis était à Paris, à la même époque et vivait des amours intenses avec Juliette Greco, à l’hôtel Louisiane. Il était aussi le point de chute parisien des Québécois comme moi, fascinés par Saint-Germain-des-Prés.
La maturation de ce projet fut très longue. Il part d’un point commun entre Miles, le trompettiste, et Jean, le poète : l’addiction aux opiacés (héroïne et opium), liée à une rupture amoureuse. Miles ne se remet plus de quitter Juliette, Cocteau ne surmonte pas la mort, dans la fleur de l’âge, de son ami le romancier Raymond Radiguet ».Daniel Morvan, « Les amours de Miles et Juliette », interview de Robert Lepage, 16 janvier 2015, Ouest-France.
En bref, pendant une heure et demie, ce spectacle vous met en lévitation. Il crée l’illusion d’un rêve éveillé. A voir absolument pour le texte, le jeu d’acteurs, l’enchaînement des scènes parfaitement maîtrisées.
En tournée en France, Espagne, États-Unis et au Canada
- Du 14 au 24 janvier 2015 : Le Grand T, Nantes
- Du 29 au 30 janvier 2015 : Théâtre des Quinconces – L’espal, Le Mans
- Du 11 au 13 février 2015 : Le Volcan, Scène Nationale, Le Havre
- Du 07 au 10 mars 2015 : Teatro Canal, Madrid, Espagne
- Du 09 au 12 avril 2015 : Cutler Majestic Theatre, Boston, États-Unis
- Le 22 avril 2015 : Salle Maurice O’Bready, Sherbrooke, Canada
- Du 1er au 10 mai 2015 : Bluma Appell Theater, Toronto, Canada
- Du 19 au 23 mai 2015 et du 27 mai au 6 juin : CNA-Théâtre français, Ottawa, Canada
- Du 11 au 20 juin 2015 : TNM, Montréal, Canada
Approfondir le sujet
Lieu
- Le Grand T
- Nantes, France