Rotonde de La Villette, contraste de lumière par Louis Clair
En 1988, à l’opposé de l’usage à l’époque, le concepteur lumière Louis Clair propose de ne pas tout éclairer.
Symétrique selon deux axes, la rotonde est composée de quatre portiques couronnés de frontons. Le bâtiment est surplombé d’un tambour accueillant un péristyle de fenêtres serliennes.
Contraste positif-négatif en lumière
« L’architecture de l’ancien octroi, très particulière, devient évidente grâce à l’inversion des contrastes entre les deux composantes du bâtiment. Les colonnes de la rotonde se lisent en positif, alors que celles des frontons s’effectuent en négatif. Les coins de la base carrée du monument sont volontairement gommés de façon à alléger l’ensemble et à favoriser la vision des arcades ».
Louis Clair, concepteur lumière, Light Cibles
Éclairage rasant et indirect des portiques
Au rez-de-chaussée, chaque pilier carré est éclairé en bain de pied en lumière rasante. Un projecteur circulaire symétrique est simplement placé dans une fosse encastrée.
En périphérie de l’axe de tir, sa glace est diffusante pour assurer une lumière jusqu’à la base des piliers.
Pour atténuer le contraste dur avec le fond, des projecteurs éclairent l’intérieur du portique en lumière indirecte.
Éclairage frontal et asymétrique du tambour
Par opposition, le haut de l’édifice est sur-éclairé de l’intérieur. Un projecteur rectangulaire asymétrique éclaire individuellement les fenêtres. Il est situé sur l’appui dans l’axe de chaque travée.
La face extérieure du tambour est mise en lumière uniformément depuis les toitures. Il en résulte un contraste doux entre l’ordonnancement des colonnes et le mur de fond du péristyle.
Durant deux ans, ces projecteurs, peints en noir, étaient très visibles de jour. En blanc, ils sont devenus plus discrets malgré leur taille.
Source de lumière blanche novatrice
Dès sa mise en lumière, cette réalisation utilise les nouvelles lampes au sodium blanc. Leur température de couleur proche de l’incandescence, blanc chaud, révèle ainsi la pierre sans déformer ses nuances de l’édifice.
Aujourd’hui, les sources au sodium blanc de la mise en lumière originale sont toujours en fonctionnement. D’après l’inventaire des lampes de la ville de Paris, l’installation semble plus simple avec une seule puissance de sodium blanc 50 W, au lieu de deux ; sans doute pour faciliter la maintenance future avec la disparition de ces lampes des catalogues des fabricants.
L’éclairage des lanternes en fonte de 5 mètres de la ville de Paris est passé, en 2015, du vapeur de mercure blanc froid à un module optique LED blanc chaud de 3000 K. Au final, seulement 36 W et 3500 lm par mat. A terme, la question se posera d’un passage aux LED du monument en préservant au maximum cette mise en lumière de référence.
Origine de la mise en lumière
Ancienne barrière d’octroi de la capitale, la Rotonde de La Villette est l’un des quatre édifices construits entre 1785 et 1789 encore conservés à Paris.
En 1988, le monument bordé par la ligne 2 du métro aérien est restauré. La place de Stalingrad devant lui est réaménagée pour les piétons par l’architecte Bernard Huet.
La Ville de Paris demande un projet de mise en lumière de la rotonde. A l’époque, la collectivité locale recense les éclairagistes, mais seuls quelques professionnels indépendants existent alors en France. Elle choisira Louis Clair, Light Cibles, la première agence de concepteurs lumière installée à Paris en 1983.
Approfondir le sujet
Lieu
- Rotonde de La Villette
- Place de la Bataille de Stalingrad, Paris, France
Livres
Louis Clair : Architectures de lumières
Un ouvrage synthétique de la pratique de l'éclairage, des ambiances lumière et de l'approche théorique de Louis Clair, concepteur lumière, Light Cibles. |