« Sous les nuages exactement », éclairage tamisé des bureaux LU du Voyage à Nantes

Ancien bâtiment industriel des biscuiteries LU, l’ouvrage est construit dans l’entre-deux guerres en plein cœur de Nantes. A deux pas du château des Ducs de Bretagne, d’abord à usage d’entrepôts, il est laissé à l’abandon après le déménagement de l’usine LU. Pour accueillir des bureaux, le bâtiment subit une restructuration complète dans les années 1989-90. Puis nouveau réaménagement des locaux en 2011, pour « Le Voyage à Nantes ».

Réhabilitation de l’usine LU en bureau contemporain

Cette dernière réhabilitation, réalisée par l’agence Block Architectes, conduit à une simplification et une rationalisation des bureaux sur 3000 m². De structure métallique, le bâtiment s’organise en deux ailes sur les rues et des sheds donnant de la lumière naturelle au cœur de l’îlot. « Les deux étages font l’objet d’un réaménagement complet sous la forme d’un « open space » et d’espaces partagés » expliquent les architectes.

« Le langage industriel utilisé, passant notamment par l’emploi de menuiseries de serre horticole, permet d’atteindre le prix de 475 euros par mètres carrés » à l’époque.

Depuis 2011, le nouvel occupant culturel de Nantes s’est installé dans les murs. Il est chargé de la promotion du dispositif culturel de la ville et de Nantes Métropole. Cette SPL – Société Publique Locale – dirigée par Jean Blaise offre une grande liberté d’organisation individuelle à ses 200 collaborateurs. Ainsi, le plan d’aménagement intérieur est relativement aléatoire. Le mobilier est constitué d’éléments chinés ou customisés par les architectes.

Eclairage intérieur inadapté à l’usage

L’ensemble des collaborateurs manifestait un sentiment d’inconfort et de gêne au sujet de l’éclairage des bureaux. Et pour cause, l’éclairage était constitué de réglettes étanches positionnées en deux linéaires parallèles aux façades, comme dans un supermarché… Erreur de casting ?

Pour l’améliorer l’éclairage des bureaux, « Le Voyage à Nantes » décide alors de confier à l’agence de conception lumière RICH une mission de :

• diagnostic,
• préconisations,
• maîtrise d’œuvre éclairage.

« L’éclairage existant constitué de deux lignes d’appareils industriels non défilés, non graduables et aux températures de couleurs multiples ne permettait pas d’obtenir un éclairage réparti et d’atteindre les taux d’éclairement requis » expliquent les concepteurs lumière de l’agence RICH. « L’absence d’optique gênerait de l’éblouissement et des effets de contraste importants. L’occupation libre de l’espace par les collaborateurs engendrait une inadéquation entre l’implantation des luminaires sur deux uniques lignes et le plan de bureaux multi-orienté ».

Choix des concepteurs lumière ACE

« Sous les nuages exactement » se construit autour de deux interventions complémentaires expliquent les concepteurs lumière Isabelle Rolland et Christophe Hascoët, RICH :

• l’addition d’ailes articulées et graphiques sur les plafonniers existants,
• l’installation de lampadaires déclinés en couleurs,

développés à partir des idées de mobilité, de réutilisation et d’addition, notions partagées par Block Architectes.

« Ces deux actions nous permettent à la fois de produire un éclairage réparti, non éblouissant, narratif et d’assurer le complément d’éclairage nécessaire, de produire de la mobilité et de la flexibilité sur chaque poste de travail.

« Le projet est réalisé en s’interrogeant sur le contexte esthétique, sur les usages spécifiques aux plans libres, l’ensemble est opéré dans un cadre de mise en œuvre et d’économie légères. Cette intervention vise aussi bien le confort collectif que la flexibilité individuelle ».

Isabelle Rolland et Christophe Hascoët, RICH

Recyclage de l’éclairage des bureaux de Voyage à Nantes

« L’addition d’ailes articulées sérigraphiées sur les plafonniers existants supprime l’éblouissement » explique RICH. Un recyclage contemporain des luminaires.

« L’articulation individuelle des deux écrans permet le contrôle des luminances dans le cas de modification du plan d’aménagement ».

« L’adaptation d’un accessoire en aluminium sur l’appareil existant nous permet la réutilisation du matériel en place tout en produisant une plus-value esthétique ».

« La répétition du motif graphique « Nuage » génère un paysage flottant, une expression éthérée.

La permanence des deux lignes existantes nous assure un éclairage général tout en conservant le vocabulaire original du lieu ».

« Les deux volets asymétriques de polycarbonate diffusant sont imprimés selon trois motifs graphiques « nuages ».

L’usager oriente, ferme ou ouvre le dispositif afin de l’adapter à son propre usage. Cet élément ‘’décalé’’ s’inscrit dans le vocabulaire existant du Voyage à Nantes ».

« L’addition d’un lampadaire mobile – avec capteurs de présence, lumière de jour et gradation individuelle – nous permet d’atteindre les niveaux d’éclairement recommandés sur chaque poste, et d’assurer l’adaptabilité au confort visuel de chaque collaborateur ».

« Les couleurs des lampadaires sont déterminées par les collaborateurs à partir d’une gamme de couleur – blanc– gris – noir – et mode d’assemblage que nous proposons, opération menée en concertation avec la maîtrise d’ouvrage ».

« Les salles de réunion ont été équipées de nouveaux plafonniers avec indice UGR < 19, les circuits électriques ont été divisés afin de réduire la quantité d’appareils à l’allumage ».

Approche environnementale

« La conservation des plafonniers existants par l’addition d’un accessoire léger et le changement adéquat des tubes nous a permis d’éviter la mise au rebut d’un matériel efficace. Cette opération n’a nécessité ni dépose de l’appareil, ni refonte du réseau électrique, ni mise en œuvre lourde.

La performance des lampadaires de bureaux, associant gradation automatique par captation du taux de lumière du jour et l’extinction automatique par captation de présence prolonge les durées de vie et constitue une réelle économie d’énergie ».

« Le choix du fabricant des lampadaires ne s’est pas limité aux performances techniques et esthétiques. Ce choix a également été motivé en favorisant le circuit court et la fabrication sur le territoire. La désignation du fabriquant fournisseur, Radian, entreprise française de Loire-Atlantique, s’est alors imposée pour la maîtrise d’ouvrage ».

Approfondir le sujet

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