Telle une tapisserie, la place du Champ de Mars à Saint-Lô

A la fin des années 80, la construction du centre culturel Jean-Lurçat en Normandie change la physionomie de la place du Champ de Mars à Saint-Lô. Les espaces alentours deviennent alors un immense parking, comme dans beaucoup d’espaces de vacuité dans les centres villes. Les façades béton de la médiathèque, laissaient la nuit, une ambiance bien triste dans cette zone de la vieille-ville perchée sur un piton rocheux.

Un jardin pédagogique

Comment réintégrer la place du Champ de Mars dans le cœur de la ville pour que les habitants et les touristes se réapproprient le lieu ? Le projet d’espace public d’Urbanica consiste à créer un jardin pédagogique autour du centre culturel, telles les tapisseries du peintre et céramiste français, Jean Lurçat (1892-1966).

Destiné à la découverte et à l’éveil des sens – la vue, le toucher, le goût, l’ouïe et l’odorat – ce nouvel espace vert crée des formes géométriques singulières. L’espace public est parcouru d’allées piétonnes dans lesquelles s’intègrent une aire de jeux, des bancs et 58 places de stationnement en périphérie. Les mats piétonniers et bornes d’éclairage, désignés de Julien Schnell de Urbanica, ont été fabriqué par Technilum.

Ambiance nocturne en soirée

La mise en lumière du jardin a pour but « de raviver les compositions de l’artiste que l’on pourrait qualifier de « nocturnes », réalisées entre les années 1958 et 1960 » présente Virginie Nicolas, conceptrice lumière et chef de projet de Concepto.

« Celles-ci mêlent les bleus denses à de fins détails brodés qui attirent l’œil et dynamisent les différents paysages. Compositions végétales ou s’inspirant de la course des astres, avec des jets de champagne : toutes harmonisent de ma­nière éblouissante une gamme chromatique facilement reconnaissable ».

En soirée, « le jardin est nappé de nuances colorées, qui rythment les promenades et composent ensemble un panorama délicat. Il est encore rare que des villes nous laissent mettre en place des ambiances aussi colorées, même si Laurent Fachard a initié le mouvement il y a des années »!

Bichromie ambre et bleu royal

Développé en partenariat avec LEC, les projecteurs placés sur des mats en aluminium de quatre mètres utilisent un mixage additif en bichromie sur-mesure. Des LED ambre et bleu royal sont placées sur des optiques intensives standards choisies par Concepto. Parfois une diode blanc 3000 K est ajoutée pour éclaircir le point chaud du projecteur.

« Il y a une recherche d’économie de moyens ; nous avons essayé de faire des textures et des dégradés de couleur sans la lourdeur financière et technique des projecteurs à gobos » décrit Virginie Nicolas.

« L’addition colorée de LED d’optiques différentes dans un même appareil – au lieu du RVB ou de l’usage de filtres teintés – fait que l’usage de couleur s’accompagne d’une bonne efficacité lumineuse. Ainsi, toutes les LED installées sont allumées à 100%. Elles procurent une grande stabilité à l’installation dans le temps : pas de pilotage, ni de signal DMX, donc pas de variation, ni de risque de migration des couleurs ».

« Au moyen d’un masque métallique déporté réalisé par découpe laser, les nuances de lumières blanche et colorée se mêlent et composent des textures d’ombres nuancées et étoilées. Elles viennent rehausser les parterres de fleurs et animent les aménagements » précise Virginie Nicolas.

Des essais en atelier et sur place de nuit ont été indispensables pour définir les mixages de couleurs. Ainsi, le bleu le plus profond fait résonner la touche orangée qui vibre dans la rétine pour le citoyen.