Temple Bahá’í, lumière et espace en architecture au Chili
En lisière de la conurbation de Santiago du Chili, le temple Bahá’í domine la ville. A 1000 mètres d’altitude, il trône majestueusement sur la précordillère des Andes et la commune de Peñalolen. C’est le huitième et dernier temple construit par la religion Bahá’í dans le monde. Un lieu ouvert au public et à toute la communauté en Amérique du sud.
En 2003, un concours d’architecture international choisi l’agence canadienne HPA, Hariri Pontarini Architects, de Toronto. Le monument de 30 mètres de haut est bâti au milieu d’un parc de 58 hectares, œuvre de l’architecte paysagiste chilien Juan Grimm. Au diapason du projet architectural, l’agence de conception lumière LLD, Limarí Lighting Design a été retenue pour l’intégration de l’éclairage de manière discrète.
LLD est fondée à Paris par le concepteur lumière français, Pascal Chautard, en 1993. Expatrié à Santiago du Chili en 1997, l’agence comprend actuellement six collaborateurs. Elle réalise des projets prestigieux en architecture, pour des expositions temporaires, des galeries d’exposition, des musées, mais aussi en urbanisme et pour le paysage.
Double peau de verre et de marbre
L’architecte Siamak Hariri a conçu le temple Bahá’í comme un corps de lumière. Cette fleur de neuf pétales est constituée d’une structure métallique habillée de verre et de marbre.
- A l’extérieur, elle est recouverte par une peau de verre fondue conçue spécialement pour le projet.
- A l’intérieur, elle est calepinée de marbre blanc du Portugal.
La lumière du jour pénètre par les baies courbes situées à la réunion des pétales, mais aussi de manière diffuse à travers la double peau de verre et de marbre. Tout un jeu de transparence et de douceur comme un lotus.
Mise en lumière architecturale
Pour le concepteur lumière Pascal Chautard, “deux objectifs principaux du projet de mise en lumière temple Bahá’í furent :
- d’obtenir depuis l’extérieur la sensation de “corps de lumière” provenant du temple, et d’autre part,
- de réussir à l’intérieur une ambiance chaleureuse, intime, monastique, apte à la méditation et la prière”.
“L’autre objectif clé était de mettre en valeur les éléments, les formes et matérialités du projet d’architecture en ajoutant le minimum d’éléments nouveaux possible” raconte Pascal Chautard. “La localisation et l’apparence des appareils d’éclairage était primordial. Les seuls appareils d’éclairage technique qui peuvent être vus sont situés sur un profil de bronze. Ils connectent les fenêtres aux pétales et sont contenus dans un cylindre de bronze fabriqué sur mesure”.
L’éclairage blanc chaud en LED, proche de l’incandescence à 2700 K, a été choisi pour l’ensemble de l’édifice. Quelques appareils d’éclairage sont néanmoins en halogène.
Effet de lumière qui emplit l’espace
L’effet de “corps lumineux” est obtenu par un éclairage direct et diagonal depuis l’intérieur. Les projecteurs sont situés sur le profil de bronze connectant les baies aux pétales. Ils éclairent le pétale opposé.
“L’effet principal d’éclairage indirect intérieur est réalisé à partir d’appareils situés à l’arrière des bancs de la mezzanine” décrit Pascal Chautard. “Ils permettent une mise en lumière sensible qui met en valeur autant les formes complexes des pétales que leur matérialité”.
“La partie supérieure des pétales et la lucarne circulaire centrale sont traitées depuis des projecteurs situés sur les profils de bronze à l’union baies/pétales”.
Accentuation de lumière décorative
L’escalier et le “lieu de la parole” sont éclairés depuis des appareils suspendus. Ce sont des « cylindres très simples en bronze fixés à la structure métallique interne des pétales ».
Du rez-de-chaussée au premier étage, l’éclairage des bancs provient en grande partie de l’effet indirect général du temple. Un complément s’effectue avec des lampes décoratives sur pied, conçues pour le projet. Elles rappellent des bougies et rétablissent l’échelle humaine dans cette construction de 30 mètres de haut.
Les colonnes du rez-de-chaussée comme la zone périphérique et les accès sont traités avec des appareils encastrés dans les faux-plafonds en bois et bronze.
En fonction du type d’activité, un système de pilotage permet de restituer les différentes scènes programmées.
Matériels d’éclairage mis en œuvre
- Eclairage du corps de lumière : 36 luminaires sur mesure en bronze, module d’éclairage LED, 35 W, Janmar
- Eclairage indirect intérieur : 63 projecteurs encastrés avec lentille elliptique, LED, 3 W, Star 3, DGA et 18 luminaires sur mesure en bronze, halogène, 8º, AR 111, 75 W
- Appareils suspendus escalier et « lieu de la parole » : 6 luminaires suspendus en bronze, LED, 5,4 W
- Zone des bancs rez-de-chaussée : 26 lampes sur pied sur mesure en bronze, halogène, bi-pin, 12 V, 75 W
- Colonnes rez-de-chaussée : 9 projecteurs encastrés, LED, 7 W, Tekno, DGA
- Zones périphérique du rez-de-chaussée : 36 downlight encastrée, 8 W, Mirum m, DGA
- Accès : 27 downlight encastrée, 8 W, Mirum m, DGA
- Système de contrôle: Homeworks, Lutron
Pour le Temple Bahá’í, l’agence de concepteur lumière LLD a gagné le Lighting Design Awards 2017 “Projet intégré de l’année”. Félicitations à toute l’équipe pour cette réalisation lumière subtile, en douceur et qui fait corps avec l’architecture. Vive la conception lumière !
Approfondir le sujet
Lieu
- Temple Bahá’í
- Peñalolen, Chili
Livres
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L'architecture lumineuse au XXe siècle
Des applications de l'électricité à l'éclairage dans l'évolution des constructions tout au long du XXe siècle. Le livre Architecture lumineuse. |
Lighting for Interior Design, de Malcolm Innes
Eclairage des espaces intérieurs. Un livre complet de Malcolm Innes pour apprendre, comprendre et concevoir, lumière et éclairage, en intérieur. |