Théâtre Jean-Claude Carrière : éclairage scénique 100% LED
Eclairage scénique 100% LED. Sur tous les supports de communication du théâtre Jean-Claude Carrière :
- panneau d’information extérieur,
- plaquette grand public,
- dossier de presse,
les mêmes quatre tableaux présentent l’économie d’énergie offert par les LED.
Éclairage scénique 100% LED
Par rapport à l’éclairage classique sur une scène, qu’en est-il vraiment de la qualité de la lumière Théâtre Jean-Claude Carrière : éclairage scénique 100% LED
Alors que quatre spectacles ont eu lieu dans la salle depuis septembre, le régisseur lumière, Nicolas Fandard, me fait faire une visite technique. Compte-tenu du tout LED, il a prévu « du temps pour adapter l’implantation lumière avec les compagnies de passage » explique t’il. « Le temps de transfert – le temps de fondu entre les effets lumières – est à travailler différemment. Il faut aussi souvent utiliser un filtre réchauffeur sur les projecteurs à LED 5600 K » [ndlr lumière du jour].
Lumières pour le spectacle LED
Contrairement à l’éclairage urbain ou deux, trois ou quatre couleurs sont mixées en synthèse additive, l’éclairage scénique utilise jusqu’à sept couleurs. Par exemple, pour le projecteur ci-dessous :
- 16 blanc chaud,
- 4 rouge,
- 6 ambre,
- 2 vert,
- 4 turquoise,
- 4 bleu,
- 4 blanc froid.
En effet, malgré le XXIe siècle, « les théâtres classiques utilisent aujourd’hui un mix de projecteurs halogène et LED ». Les premières étant prépondérantes, les puissances varient entre un et cinq kilowatts par appareil. D’où un potentiel d’économie d’énergie important.
« Ce théâtre est un peu expérimental »
Mais, l’inertie au changement est grande dans le monde du spectacle. D’après l’éclairagiste du spectacle que j’ai vu « Le jeu des 1000 euros », Claire Gondrexon, « le temps de monter est plus lent avec les LED. 3 % de la puissance, ça se voit déjà ! On ne peut pas avoir réellement un kilowatt. On n’a pas de latitude, car on est tous les temps à 100 %. Ce théâtre est un peu expérimental ».
Matériel d’éclairage scénique de la salle
- PC 150 W LED 5600 K, RVE
- Cycloïde, ALC 4-2, ADB
- Découpe 150 W LED 5600 K, coute et longue portée, Sereniled, RVE
- PAR 161 W, ETC
- Source Focus Four, LED 7 couleurs, Lustr, ETC
- Lyre, AIZ Zoom, JB Lighting
Approfondir le sujet
Suite de l'article
Introduction | Théâtre Jean-Claude Carrière : A+Architecture à Montpellier |
Page 1 | Théâtre Jean-Claude Carrière : trois questions à l’architecte sur les ambiances |
Page 2 | Théâtre Jean-Claude Carrière : éclairage scénique 100% LED |
Page 3 | Théâtre Jean-Claude Carrière : éclairage intérieur et sources de lumière |
Page 4 | Théâtre Jean-Claude Carrière : éclairage de façade et développement durable |
Page 5 | Théâtre : mention Spéciale au Architizer A+ Awards 2014 |
Page 6 | Théâtre Jean-Claude Carrière : quelques chiffres et plans |
Page 7 | Théâtre Jean-Claude Carrière : équipe du projet |
Lieu
- Théâtre Jean-Claude Carrière
- Montpellier, France
Privilégier la réduction de la dépense énergétique au détriment de la palette d’outil de l’éclairagiste est conflictuelle !
Sachant que cette salle va certainement accueillir une majorité de « babysitting » (spectacles en tournée), obliger le régisseur lumière de chaque compagnie à changer ses programmations et revoir ses timing de déroulé est bien chronophage et irrespectueux du travail artistique… l’adaptation doit se faire avec le temps, l’expérimentation et le passage à la led OUI mais avec TRANSITION, il est encore un peu tôt pour le 100% led !
Bref encore des considérations politiques de bilan électoral municipaux jusqu’au boutistes qui ne sont pas en lien avec la réalité du métier… 😉
Plusieurs aspects de l’éclairage ont été mélangés dans ce projet de théâtre.
Tout d’abords l’aspect économie d’énergie. Un projecteur pendant un spectacle de 90 mn est utilisé en moyenne moins de 10mn à une puissance de 60%. Cette moyenne est calculée entre les projecteurs utilisés 3mn ou moins et le peu d’intensité généralement constatée dans les conduites. Concernant le projecteur led , allumé ou éteint il consomme de façon presque identique. Par contre les courants induits au démarrage, et les harmoniques sur le réseau obligent à utiliser des différentiels plus performants et beaucoup plus chers à l’achat.
Au regard de l’économie d’énergie entre led et halogène l’halogène est gagnant… Je prends en compte les énergies nécessaires à la fabrication de l’ampoule/électronique led, les matières premières terres rares et autres/filament et verre, consommation et dépollution. Cet aspect ne concerne pas les éclairages de service ou de répétition où là l’utilisation de la led est synonyme d’économies.
Dans le choix du matériel ensuite
Il a été privilégié le flux lumineux à la réalité théâtrale. Avoir des projecteurs PC en 5600°K dans un lieu d’accueil oblige à revoir toute la lumière d’un spectacle, que la source soit en led, en HMI, en fluo ou en halogène avec des filtres bleus inamovibles.
Si nous considérons les découpes ETC série 2 deux possibilités. Soit elles sont en 5600° et la variation de couleur est possible jusqu’à 4000°, soit elles sont en 4500° et dans ce cas elles intègrent une fonction « dim comme une halogène ». Ce qui n’est pas le cas des découpes RVE. Le choix du 5600° reste une aberration puisque au final, une fois les filtres orange mis en place le flux est largement inférieur à un projecteur en 3200°.
Enfin en ce qui concerne les PAR, la méconnaissance de leur utilisation dans le spectacle vivant est révélée ici. Les particularités du PAR classique restant hormis l’asymétrie de son faisceau, le peu de luminance due à son nez allongé et le fait que la taille de la tache au sol varie en fonction de l’intensité, impossible à faire avec des PAR led.
En ce qui concerne la conduite lumière, depuis l’apparition des gradateurs numériques il est nécessaire d’avoir plusieurs conduites en fonction des théâtres (il restent des théâtres en analogique) et des marques de pupitre. Il fut un temps où la maintenance du lieu incluait le réglage des seuils de gradateurs ce qui modifiait les temps de montée, il s’agit maintenant de décider des courbes ; et pour les led d’affecter les courbes sur les appareils quand cela est possible. Entre un gradateur numérique démarrant à 1/255 soit moins de 1% et une courbe led, il n’y a pas de différence significative, le temps apparent de montée dépendant plus du choix de la courbe sur le pupitre (à régler dans ses paramètres).
Le plus simple c’est de tourner avec son propre jeu et de le brancher sur le dmx du lieu.
Dans tous les cas, les intensités sont à revoir en fonction des distances de la source au plateau (différente dans chaque lieu) et de la taille des salles (vision du spectateur).
Normalement le régisseur doit avoir pour préparer sa tournée les informations (plans, fiches techniques, etc) du lieu d’accueil et avoir déjà modifié le plan de feu, donc savoir où modifier la conduite.
La différence en temps de montage et réglage elle est importante. En effet il faut câbler en double : alimentation et dmx, et affecter les identités et les courbes aux projecteurs.
Pour les puristes le repiquage des alimentations entre projecteurs (qui doit faire gagner du temps) est impossible puisque les prises type powerCON sur les ETC et RVE ne sont pas compatibles !
Le montage doit également être plus strict concernant l’accroche des câbles : séparation alimentation/DMX, mais surtout systématiquement positionner les projecteurs à l’horizontale et ramener les 4 câbles au niveau du crochet, et pas à ± 20cm sauf à ne pas pouvoir ensuite pivoter le projecteur correctement. Je doute que le théâtre soit équipé de chemins de câble amovible (un simple fil tendu à 20cm au dessus de la porteuse) qui évitent les encombrements sur la barre. Pour les réglages il est plus long de manipuler un projecteur avec 4 fils qu’un seul, le blocage des papillons doit être plus fort ainsi que ceux des molettes de lyre. Il s’agit là de formation et de compétence des équipes et dans la durée d’une maintenance mécanique plus importante. Si nous revenons aux considérations financières, même mal payé un intermittent assurant la maintenance coûtera plus cher que les économies d’énergies faites sur le spectacle.
Pour conclure la led introduit de nouveaux outils lumineux et une nouvelle dimension esthétique. De ce point de vue elle n’est pas comparable à l’halogène qui n’est pas comparable à la lampe épiscope qui n’est pas comparable au gaz qui n’est pas comparable à la bougie. Pour avoir créé des éclairages de spectacle avec toutes ces technologie, et continue de le faire en les mélangeant (il me reste en stock des lampes épiscope), je ne pense pas qu’il faille rejeter ni les unes ni les autres.
Dans un monde idéal le régisseur lumière donne sa fiche technique du spectacle et c’est au lieu de lui fournir les outils demandés non l’inverse. Sauf à croire qu’il est possible d’acheter un spectacle en Français, de recevoir une représentation en Espagnol, considérer que les deux sont identiques et cela seulement parce que le lieu a changé.
@Gerald Tout d’abord, merci pour ton long, très long commentaire sur le Théâtre Jean-Claude Carrière. Si ne n’ai pas pris le temps de te répondre, c’est que j’ai été débordé avec plein d’activités en parallèle.
Je partage beaucoup de tes points de vue en fait dans ce commentaire. Le choix des LED dans cette salle de spectacle est avant tout Politique, aussi à voir la communication qui en est fait autour en début de mon billet. Sans doute aussi un choix d’Architecte, qui ne connaît pas comment les éclairagistes du spectacle travaillent avec une multiplicité de sources en fonction des effets lumière recherchés…
Je pense que ce long commentaire mériterait un billet critique, une tribune sur Light ZOOM Lumière, un point de vue de professionnel expérimenté. Objectif : être plus visible des métiers du bâtiment pour les aider à faire les bons choix dans leurs projets d’architecture.
Merci pour la démonstration Mr Karlikow … chapeau bas