Valérian de Luc Besson : lumières de l’écran au cinéma
Le dernier film 3D de Luc Besson, scénariste et réalisateur de « Valérian, et la cité des milles planètes », est un vrai plaisir visuel pour les amateurs de science-fiction intergalactique. Porté avec la fraîcheur et l’humour des acteurs Dane DeHaan, major Valérian dans le film, et Cara Delevingne, le sergent Laureline, c’est un divertissement réussi pour tous les âges qui permet de s’évader du quotidien.
Valérian et Laureline
Petit garçon, le grand cinéaste français a été fasciné par la bande dessinée Valérian et Laureline de l’écrivain Pierre Christin, illustrée par Jean-Claude Mézières et publiée par Dargaud en 1967. Besson a pris sa décision de monter le film après avoir été invité sur le tournage du film Avatar de James Cameron sorti en 2009. « Grâce à Avatar, on a eu l’impression que tout était désormais possible », dit-il.
Limité par les effets spéciaux relativement rudimentaires des années 1990, il faudra que les technologies d’effets spéciaux progressent de manière spectaculaire pour que le cinéaste porte la bande dessinée à l’écran. Luc Besson déclare en riant : « Jean-Claude Mézières, qui a contribué à l’élaboration des décors du Cinquième élément, m’a dit : « Mais pourquoi tu fais ça ? Tu devrais faire Valérian ! ».
Pour transposer son imaginaire d’enfant sur grand écran, le réalisateur a constitué une équipe de fidèles collaborateurs très soudée :
- Olivier Bériot, chef costumier,
- Thierry Arbogast, directeur de la photographie,
- Hugues Tissandier, chef décorateur.
« Le plus important a été la coordination entre le chef décorateur, le chef costumier, et le directeur de la photographie. Si vous considérez chacun de ces domaines séparément, vous êtes mal parti. La synergie doit venir des trois, et donc tous les jours, je voulais que le directeur de la photographie voie les costumes. Je voulais que le chef costumier voie les décors. On échangeait constamment sur tous ces éléments ».
Luc Besson, scénariste et réalisateur de Valérian
Lumières et mouvements
Contrairement à beaucoup de ses confrères, Besson préfère manier lui-même la caméra. Il confie à Thierry Arbogast, directeur de la photographie, le travail d’orchestration des lumières. Il a travaillé avec lui sur tous ses films depuis la sortie de Nikita en 1990, à l’exception d’un seul.
Après visionnage des story-boards et des références photographiques pendant la préparation, Arbogast a immédiatement saisi la dimension particulièrement colorée et vive du film.
« On a décidé d’utiliser une nouvelle technologie de projecteurs sur lesquels sont installées des LED de chacune des trois couleurs primaires rouge, vert et bleu. Ces projecteurs nous ont permis de varier la couleur, jusqu’à ce qu’on trouve la bonne nuance pour chaque décor. On a inséré des bandes lumineuses dans le décor qu’on pouvait contrôler par télécommande, si bien qu’on a pu s’amuser un peu avec les couleurs – un peu comme un peintre avec sa palette ! Ça a laissé beaucoup de souplesse à Luc, au point où il pouvait arriver sur le plateau et dire, « Je n’aime pas ce bleu, je préfèrerais qu’il soit comme ça ».
Thierry Arbogast, directeur de la photographie de Valérian
Selon l’action, chaque environnement nécessitait une tonalité particulière. Dans la scène où Bubble danse pour le major Valérian – Dane DeHaan dans le film – Arbogast a créé un halo doré.
« On a installé des rubans LED RGB dans les colonnes, derrière un vernis, puis on a utilisé le projecteur pour éclairer la scène d’une lumière douce, comme avec un spot. Ça ressemblait un peu à l’éclairage de la scène d’opéra du Cinquième élément, mais en plus doux et plus léger ».
Thierry Arbogast, directeur de la photographie de Valérian
Dans un tout autre genre, en partie inspirée par le quartier parisien de Pigalle connu pour ses sex-shops, c’est une atmosphère criarde qui caractérise Paradise Alley.
« Pour Paradise Alley, il fallait beaucoup de néons, de panneaux, de lumières clignotantes – il fallait que ce soit très riche en couleurs. On a aussi installé des projecteurs mobiles, comme si les rues étaient balayées par des faisceaux d’hélicoptères ou de drones ».
Thierry Arbogast, directeur de la photographie de Valérian
Tout au long du tournage, Arbogast a modifié la lumière afin qu’elle concorde avec l’ambiance de chaque scène.
« Je n’essaie pas de créer des raccords cohérents, comme cela se fait beaucoup dans le cinéma anglais. J’aborde le film scène par scène. Quand la lumière change, les scènes tranchent brutalement les unes avec les autres. Par exemple, on passe d’une plage ensoleillé et paf ! Tout d’un coup, on est dans l’Intruder bleu. Ou alors, on est dans l’atmosphère lumineuse et chaleureuse du Big Market, et on passe aux lumières froides d’une tout autre ambiance. C’est ce que j’aime le plus : la diversité de la lumière ».
Thierry Arbogast, directeur de la photographie de Valérian
A suivre…
Décor et éclairage de Valérian
Approfondir le sujet
Lieu
- Cinéma CGR Marne-la-Vallée
- Torcy, France
Livres
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Les lumières de la ville de New York méconnue vues par le grand photographe Marvin E. Newman. Un superbe ouvrage autour de la lumière. |
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