Welcome de Patrice Thibaud, en lumière par Alain Paradis

Welcome débute comme une farce humoristique sur l’inattendu de la mort. Rideau de velours rouge. Costumes de couleurs vives. Acteurs en avant-scène. Auguste meneur de revue suivit à la poursuite. Plein feu depuis la passerelle en salle. Lumières de face, blanc chaud et froid. L’action s’installe rapidement autour de six comédiens.

Comment traduire sur scène le paradis ?

Par une astuce de mise en scène de Patrice Thibaud et Jean-Michel Guérin, le personnage principal meurt. La scénographie de Welcome bascule dans un autre monde. Comment alors traduire sur scène aujourd’hui le paradis ? Question métaphysique, artistique, religieuse et culturelle. Le parti pris dramaturgique de Patrice Thibaud est un lieu d’attente, un sas entre la vie et la mort, le fameux « tunnel blanc », un lieu onirique où toutes les rencontres avec les créatures qui le peuplent sont possibles.

Scénographie en apesanteur

Le fond de scène de la scénographe Claudine Bertomeu devient un cyclo contemporain, par lequel entrent et sortent les comédiens. Il est constitué de deux rideaux à lanières de six mètres de haut sur 11,50 mètres d’ouverture. Les deux rideaux sont positionnés à 1,40 mètre de distance. Côté matériau, il s’agit de bandes translucides en plastique. Cette matière donne à penser tant pour la création lumière de Alain Paradis que la création vidéo de Franck Lacourt.

Un petit escalier de 40 centimètres de haut avec quatre marches est placé en fond de scène, côté jardin. Un comptoir et un fauteuil en inox, côté cour. Enfin, un plancher triangulaire est posé au sol sur le tapis de danse pour le danseur de flamenco du même côté, plus ou moins au centre de la scène.

Rideaux translucides et lumières

Côté lumière, Alain Paradis combine plusieurs les directions scéniques pour le rideau translucide en fond de scène. Un premier éclairage uniforme est réalisé avec des cycliodes asymétriques 1 kW bleutés depuis une perche derrière de deuxième rideau. Il donne l’aspect évanescent et infini à cette représentation scénique du paradis.

Entre les deux rideaux à lanières, quatre découpes 15/38° ADB DW 105  en latéral haut permettent d’éclairer les acteurs passant dernière le premier rideau, selon l’action dramatique. Ils apparaissent alors comme des fantômes luminescents.

Certains instants scéniques en haut des marches sont renforcés par deux cycliodes ADB ALC4-2 40W avec quatre modules LED RVB, côté jardin. Dans l’axe de la scène, cinq cycloides sont placés l’un à côte de l’autre au plateau, lampes vers le sol. Également, six PAR à faisceaux intensifs sont placés sur pied en fond de scène. Ils créent des effets de halo de lumière pour les apparitions et disparitions des comédiens par ce fond poreux.

Une perche derrière le premier rideau à lanières accueille un ensemble de lampes à incandescence suspendues. Elles créent un moment scénique des effets de lucioles, comme un ciel étoilé.

Comme sur une partition musicale et selon le rythme de l’action, le plateau lui-même combine lumière latérale, lumière en contre-jour et en douche. La lumière de face, depuis la passerelle en salle, est utilisée pour les solos et moments scéniques de la troupe.

Projections vidéo

Côté vidéo, Franck Lacourt utilise ce fond de scène translucide comme écran de projection. Des méduses luminescentes en mouvement de différentes tailles, des trames algorithmiques en morphing ou des images de matières complètent les tableaux du spectacle en projection vidéo.

Critique

Bravo aux talents de mime, impressionnant et hilarant, de Patrice Thibaud et au jeu d’acteur de Olivier Saladin. Un spectacle à voir pour sa comédie, son humour, la performance de la troupe de trois comédiens et trois danseurs sur un sujet traité avec légèreté. Après l’ouverture du rideau rouge d’avant-scène, la création lumière de Welcome devient intéressante. Vu à la Maison de la Danse de Lyon le 24 mai 2019.