Jours et nuits du Théâtre : apprivoiser la lumière
Véritable bijoux, ce documentaire télévisé « Jours et nuits du Théâtre » est en deux épisodes. Auteurs dramatiques, metteurs en scène et éclairagistes s’y expriment librement sur comment apprivoiser la lumière ? Le montage confrontent les points de vue des praticiens du spectacle sur l’utilisation de la lumière. Ils dressent un historique, abondamment illustré et documenté, sur la lumière scénique. Résumé du premier épisode.
Apprivoiser la lumière
- La lumière naturelle traverse les premiers siècles du théâtre.
- Théâtre d’Epidaure (photographie en tête de ce billet de Fingalo).
- Théâtre romain d’Orange.
« C’est avec la lumière du temps qu’on faisait. Quand on voulait beaucoup de lumière, on mettait beaucoup de chandelles ».
René Allio, scénographe et metteur en scène
- Théâtre de plein air de Serlio à Venise en 1563.
- Place commerçante de ville germanique, Lucerne, 16ème.
- Théâtre de Shakespeare, 1600.
- Théâtre baroque, 1672.
« Les cinq actes, c’est cinq fois un jeu de chandelles qui brûlent. Il y a une unité de temps et une unité de lumière, car on est obligé de renouveler les chandelles ».
Jean-Claude Grumberg, auteur dramatique
Histoire de l’éclairage scénique
Pour apprivoiser la lumière, sa première fonction est d’éclairer la scène pour voir les comédiens.
Nicola Sabbatini a établi en 1838 une théorie de l’éclairage latéral de scène. Mais, la rampe d’avant scène fait son apparition au 17éme siècle avec une série de chandelles. Elle permet de voir le visage des acteurs.
Pierre Patte, architecte, préconise une utilisation de l’éclairage à partir de réverbère de part et d’autre de la scène.
Le physicien Lavoisier, inventeur du réverbère, publie un traiter d’architecture théâtrale en 1782 ou il parle des fonctions de l’éclairage :
- le théâtre et les décorations,
- l’acteur et la scène,
- la salle et le spectateur avec des réflecteurs.
Le 27 avril 1784, la lampe à huile de Quinquet remplace les chandelles pour une représentation du Mariage de Figaro à la Comédie Française.
Le 19ème siècle marque l’avènement de l’éclairage au gaz, plus puissant et permettant des effets variables comme pour Hernani à la Comédie Française en 1830. Il transforme les théâtres en de véritable usine avec des tuyauteries partout.
Apparition de l’arc éclectique à l’Opéra en 1849.
De nombreuses machineries de théâtre comme de l’Opéra Garnier à Paris sont filmées dans le reportage.
Le comédien Gérard Desarthe lit des textes d’artistes :
- Richard Wagner,
- Nicola Sabbattini,
- Pierre Patte,
- Antoine de Lavoisier,
- Charles Garnier,
- Adolphe Appia,
- Gordon Craig,
- Bertolt Brecht.
Par leurs réflexions, ils ont contribués à l’évolution de la lumière au théâtre.
Evolution de la lumière au théâtre
« La lumière électrique va apporter le volume » selon René Allio. Les usages restent les mêmes : se monter avec un éclairage de la salle durant toutes la représentation.
Progressivement, l’éclairage passe de la face à l’éclairage « d’en haut », inversant les ombres sur le visage des comédiens.
Avec l’éclairage au gaz, le contrôle de l’éclairage se perfectionne autour d’un jeu d’orgue.
En 1876, Richard Wagner plonge les spectateurs dans l’obscurité pour focaliser l’attention sur la scène à Bayreuth en Allemagne.
Le scénographe Suisse, Adolphe Appia, aborde l’espace scénique en :
- allégeant le décor et les jeux de lumière,
- créant un espace géométrique,
- abandonnant de la rampe et du rideau d’avant scène.
Richard Wagner s’inspirera des théories d’Appia dans ses mises en scène.
Edward Gordon Craig s’en est aussi inspiré pour ses mises en scène Shakespearienne.
Ils seront ceux qui feront une rupture avec les pratiques des toiles peintes. Mais, avec les techniques de l’époque, leurs dessins n’étaient pas réalisables, explique Yannis Kokkos, metteur en scène et scénographe.
Inventeurs de technique d’éclairage
Avec la modernisation des projecteurs viennent d’autres inventeurs en éclairage pour la scène qui vont apprivoiser la lumière :
- André Antoine,
- Gaston Baty,
- Jacques Copeau,
- Joseph Swoboda,
- Marino Fortuny.
Dans l’après-guerre, Joseph Swoboda fait le lien entre l’évolution des techniques et l’esthétique de la lumière.
Pierre Savaron, comme technicien de la lumière, va donner de vraies réponses esthétiques en travaillant avec Jean Villard, par exemple dans la cours du Palais des Papes, en utilisant les projecteurs en lumière blanche, sans gélatine. Extrait du Prince de Hambourg de 1956 au festival d’Avignon.
« Pierre Savaron avec Villard a inventé une forme d’éclairage. C’est la lumière qui faisait le décor et mettait en valeur les costumes ». « Je crois qu’on était le seul théâtre à avoir un éclairagiste, ça n’existait pas. Dans aucun théâtre, il n’y avait un éclairagiste attitré, C’est devenu un métier libéral. C’est bien grâce à lui ou à Villard. En tous cas, c’est à cette époque là, que le métier d’éclairagiste est venu, parce qu’avant c’était l’électricien qui faisait les éclairages ».
Michel Four, électricien au TNP
« Dès les premières répétitions, Savaron était là. Il suivait les comédiens pas à pas et les éclairaient au fur et à mesure. Alors, ça veux dire qu’il faut avoir un théâtre en ordre de marche, avec du matériel et du temps. A notre époque ou tout va tellement vite et les conditions de travail sont tellement difficile, c’est pas facile à obtenir ; à part dans quelques grands théâtres. C’était quelque chose de très naturel de travailler la lumière ».
André Acquart, scénographe
« Après la guerre, les progrès techniques allaient en se complexifiant, les metteurs en scène ne faisait pas toujours de bonnes choses, il avait besoin d’un spécialiste. Le travail de la lumière ne consiste pas tant à manipuler la lumière qu’a ajouté de l’ombre ».
René Allio, scénographe et metteur en scène.
Patrice Chéreau, metteur en scène, a été inspiré par la mise en scène et les lumières de la vie de Galilée de Brecht par Giorgio Strehler en Italie. Guido Baroni, éclairagiste s’en explique à la fin du reportage.
Générique de fin
- Auteur-Réalisateur : François Porcile
- Auteur : Denys Clerval
- Image : Denys Clerval (AFC), Julien Hirsch Son : Éric Masson, Antoine Rodet Montage : Joëlle Barjolin, Isabelle Paisant Voix : Martin Provost Documentation : Marie-Louise Sasia Chargé de production : Gérard Lafont
Documents
- Bibliothèque nationale
- Musées nationaux
- Musée de Tessé, le Mans
- Bernand, Bulloz, Jean-Loup Charmet, Enguerant, Giraudou, S. Lauterwasser, Roger-Viollet, Sirot-Angel, Sygma, Agnès Varda.
- Extrait du film de Georges Franju, Le TNP, 1956, Porcinex
Remerciements
Pour leurs précieuses collaboration:
- Collection Suisse du Théâtre, Berne,
- Martin Dreier, bibliothécaire,
- Silvia Maurer-Laug Jim Laws Lighting, Wrentham, Suffock, en Grande Bretagne,
- Théâtre d’Orange
- Théâtre National de l’Opéra Garnier
Pour la mise à disposition de leurs archives :
- Isabelle Cardin
- Maurice Four
- Les héritiers d’Edward Gordon Craig
Production
- Production / Diffusion : Tara productions, La Sept
- Avec le concours du Centre National de la Cinématographie.
- Production déléguée : Tara productions, Rachel Kahn et Takis Candilis.
Visuels du billet
- Image en haut de page : extraite de Wikipedia, Théâtre d’Epidaure, Grèce – Epidaurus Theater 07 – Photo : Fingalo.
- Images 4/3 : extraites du film documentaire « Jours et nuits du Théâtre » de François Porcile, 1991, Tara productions, La Sept.
Source : Philippe Lacroix, coordinateur pédagogique de la formation à l’ENSA Nantes du DPEA scénographe.
Approfondir le sujet
Lieu
- Théâtre d'Epidaure
- Épidaure, Grèce
Bonjour
Je cherche depuis un moment à mettre la main sur ce documentaire Jours et nuits du théâtre (2 épisodes). Sauriez-vous comment je peux me le procurer, ici, au Québec? J’ai chercher sur Tara et La sept mais il n’y a rien.
Merci
Jean Gervais