Culture de la lumière dans les pays arabes par Thierry Walger
Quelle est la culture de la lumière dans les pays arabes ?
Thierry Walger : la culture de la lumière dans les pays arabes est diamétralement opposée à la culture occidentale. Il est très facile pour nous, Français, de prendre un avion et de changer de continent.
On arrive au Maroc, en Algérie, en Tunisie, ce n’est pas la même lumière, les conditions météo et l’architecture sont différentes, et le rôle de chacun n’est pas le même. Il faut aimer cela, bien sûr.
Comment travailles-tu avec un architecte ?
Thierry Walger : dans les pays arabes, l’architecture est extrêmement différente de notre culture, tant pour les formes que pour les courbes. Je pose des questions à l’architecte. Ça crée des liens.
Quel comportement avoir pour un projet lumière à l’étranger ?
Thierry Walger : quand je fais un projet dans un pays arabe, lors de la première réunion, je me tais. J’écoute et je regarde, pour savoir qui est qui et qui fait quoi. Cela pour plusieurs raisons. Parce que je suis dans leur culture, je ne suis pas dans mon pays, je n’ai pas à la ramener.
Ça peut peut-être faire sourire un Français, mais nous avons encore parfois un comportement d’ancien colonisateur. Si l’on a une attitude du genre : « Il faut faire ci, il faut faire ça », tout de suite on est catalogué ! Donc, il y a une humilité à avoir tout en étant professionnel.
Que ferais-tu différemment dans les pays arabes ?
Thierry Walger : dans les pays arabes, il y a à peine plus de discipline qu’en France, mais elle est placée différemment. Quand ils font venir quelqu’un de l’étranger, on sait que l’on est là pour trois ou quatre jours à travailler ensemble. Donc on liste les questions et tout est prêt.
Quand on arrive, on prend alors question par question, ça va très vite et on va à l’essentiel. Ce qui n’est pas forcément le cas chez nous. Ça dépend du conseil municipal, et de beaucoup d’autres choses…
Quelles autres marques de respect as-tu à l’étranger ?
Thierry Walger : j’ai eu l’occasion de me déplacer dans ces pays plusieurs fois en période de ramadan. Pendant la journée, je n’ai pas bu, pas déjeuné et je n’ai pas arrêté de travailler. Mes hôtes étaient très étonnés. À la fin de mon séjour, ils m’ont ramené à l’aéroport. Ils m’ont interrogé, ils se demandaient si j’étais musulman.
J’ai répondu que c’était simplement pour être au plus près d’eux, pour comprendre leur état d’esprit. Quand on ne mange pas, on est physiquement dans un état qui amène un certain état mental. Ça a mis tout le monde dans le même état d’esprit. Les rapports ont complètement changé à ce moment-là. Il y a un respect.
Propos recueillis par Vincent Laganier le 8 juin 2022 à Bourg-en-Bresse.
À suivre…
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Photo en tête de l’article : M Avenue, allée commerçante, éclairage public et projection gobo, Marrakech, Maroc – Maitre d’ouvrage : Downtown Hotel Corporation – Concepteur lumière et photo © Le Point Lumineux
Merci Vincent !
Merci Vincent. Cet interview fut passionnant !
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@Thierry Merci également. L’échange fut riche et motivant !